Rendre aux cascades leur éclat

L’association « Ranimons la cascade ! » n’a d’autre but que de rendre aux cascades de Salles-la-Source, et notamment à la grande cascade, l’éclat qu’elles ont perdu lorsque, dans les années 1930, celles-ci ont été asséchées par une usine hydroélectrique construit sans la moindre autorisation.

Le devenir de ces cascades est l’enjeu majeur du jugement. en appel qui aura lieu très probablement en 2023. C’est ce que nous avons rappelé dans notre dernier mémoire en réplique* :

« L’association « Ranimons la cascade ! » n’entend pas que le détournement artificiel de l’eau de ses cascades dans les années 1930, deviennent un droit perpétuel de l’exploitant, qui plus est appuyé sur un droit fondé en titre qui n’existait pas avant cette date, si ce n’est pour quelques petits moulins à faible débit.

Pour appuyer ce propos, il n’est pas inutile de relire ce que l’on pouvait trouver dans les guides touristiques. Trois exemples sont proposés ici :

Avant la construction de la SHVSS :

1/ 1830 : En 1830,  Jean Vaysse de Villiers, inspecteur des postes-relais, écrivain, géographe et historien (1767-1834), publie un nouveau volume de son « Itinéraire descriptif de la France » ou « Géographie complète, historique et pittoresque de ce Royaume, par ordre de routes ». Cet ouvrage, précurseur du tourisme, est marqué par le romantisme.

C’est là que l’on trouve (pages 165 et suivantes) une longue description de Salles-la-Source et de ses cascades. Il y  « cette belle source, qui sortant en cataracte écumante des entrailles du rocher, se précipite aussitôt en fracas sur les roues d’un moulin » et bien sûr de ses ruisseaux et cascades dont il dresse une description très précise.

« Le plus curieux, comme le plus extraordinaire est celui de la cascade, qu’on appelle dans le pays  le saut de Salles. Elle est formée par la rivière du Craynaux dont nous venons de voir la source, et qui, après avoir traversé le village de Salles, se précipite toute entière du haut d’une terrasse naturelle soutenue par une roche stalactisée, au bord de la quelle est comme suspendu le village »

La cascade de Salles-la-Source, en bonne place dans tous les guides touristiques du XIXème siècle

Source : « Itineraire-descriptif-de-la-france-sls »

Après la construction de la SHVSS :

2/ 1937 : l’ouvrage « Rouergue, terre de vieille France », évoque Salles-la-source quelques années après la construction de l’usine électrique. Cet ouvrage est paru sous la direction du Dr Joseph Ayrignac, directeur-fondateur de la « Solidarité  Aveyronnaise ». Il y écrit :

« Salles-la-Source possède un décor incomparable de tufs, de châteaux, de grottes, de terrasses, mais hélas ! ses cascades sont mortes. On a emprisonné l’eau vive, mal défendue contre un barbare utilitarisme, dans de lourds tuyaux qui vont alimenter une usine hydroélectrique, et ses cascades ne se ranimeront qu’à la saison des grandes eaux… et parfois aux jours de fête votive. « Ah! s’écriait dans son enthousiasme le bon historien Monteils, si Fénelon eût vu ce beau vallon, cette belle verdure, ces belles eaux, cette belle grotte, l’île de calypso en eut été plus délicieuse, et ses nymphes plus séduisantes… »

Que dirait-il aujourd’hui devant les tubes noirs qui ont remplacé les cascatelles ? »

Source : « Que dirait aujourd’hui Monteils devant les tubes noirs qui ont remplacé les cascatelles ? »

Détournement de la cascade en 1931 par la conduite forcée

3/ 1938 : L’ouvrage « Rouergue » de Jean Gazave, illustré par Jean Ferrieu : sa première édition est rapidement devenue un ouvrage de référence sur le département de l’Aveyron. Il a été régulièrement réédité jusqu’en 1959. La cascade y est décrite :

« [Chaque ruisseau] creuse sa vallée où les bourgs s’agglomèrent. le plus extraordinaire de tous, Salles-la-Source, ouvre le Vallon.

Hors Saint-Cirq-la-Popie, en Quercy, où découvrir un village aussi fantasque ? Il s’étale au fond de la vallée au cirque de calcaire qu’achèvent trois gradins d’un cagnon crayeux. Ses maisons s’ordonnent autour de trois églises dont l’âge s’accorde à l’altitude, romane en bas et délabrée près d’un château en ruines ; flamboyante à mi-côte ; moderne au sommet. Des grottes fendent de loin en loin la falaise et, du milieu du bourg, fond l’énorme cascade.

Elle se précipite en un fracas bruyant de la corniche d’une grotte à un bassin d’où elle rejaillit en gerbes d’artifices, les jours, hélas où l’usine qui l’a captée veut la laisser couler. »

Source : « Le plus extraordinaire de tous les bourgs, Salles-la-Source, ouvre le Vallon »

4/ Plus tardivement, la Société pour la Protection des Paysages et de l’Esthétique en France (SPPEF) écrivait dans sa revus d’avril-mai-juin 1975 :

« Il y a une quarantaine d’années, les eaux du Créneau serpentaient encore entre près et jardin, franchissant en cascades les différents paliers et aboutissaient au point bas du village… Il y avait ainsi cinq cascades.

En 1930, un usinier capta les eaux du Créneau dans la grotte même, avant les fonds d’émergence, fit construire un barrage à l’intérieur de la grotte, et amena les eaux en conduite forcée à la sortie du village où fut édifiée une usine hydroélectrique.

Le dommage était grand ; mais on ne s’en tint pas là : le barrage fut surélevé et de ce fait, les cascades et gorges furent asséchées les trois-quarts de l’année. Certaine même comme la cascade du trou de l’Arnus, le furent définitivement ». « 

Source : « un-beau-village-salles-la-source-sppef-avril-mai-juin-1975 »

La cascade en été avant 2012 (obligation d’un débit minimum)

  • L’affaire passera dans les prochains mois devant la Cour d’Appel Administrative de Toulouse…

One Response to Rendre aux cascades leur éclat

  1. Colson Ayrignac dit :

    Je suis contente que les cascades en Aveyron puissent perdurer. Elles embellissent le paysage.

    De la part de la petite-fille du Dr Joseph Ayrignac.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *