Un beau village : Salles-la-Source
C’est sous le titre : « Un beau village : Salles-la-Source » que la revue « Sites et monuments » de la Société pour la Protection des Paysages et de l’Esthétique de la France (deuxième trimestre 1975) publie un article sur notre beau village et sur le combat pour la cascade, mené à l’époque par l’association pour la défense du site de Salles-la-Source :
« A 12 kilomètres au nord de Rodez, aux flancs d’une vallée découpée dans le Causse Comtal, s’est édifié, petit à petit, un village remarquable par le site qu’il occupe et par la disposition pleine de charme de ses aménagements.
En partant du point le plus haut, le causse, une falaise à pic aboutit à un premier pallier bordé de murs de pierres sèches, ondulant sur son pourtour. C’est là que se trouvent les résurgences principales d’une rivière souterraine : le Créneau. Une de ces sources est assez belle pour avoir permis de donner au pays le nom de Salles-la-Source.
Il y a une quarantaine d’années, les eaux du Créneau serpentaient encore librement entre prés et jardins, franchissant en cascades les différents paliers disposés par la nature et aboutissaient au point le plus bas du village où elles recevaient les eaux de résurgences plus lointaines.
Il y avait cinq grandes cascades :
D’abord la « grande cascade », située au milieu du village, chevauchée à son point de chute par de pittoresques maisons, tombant devant une grotte dans une jolie vasque naturelle : elle était suivie d’une autre dénivellation donnant la « cascade de la Crouzie » ; d’autres résurgences, plus à l’ouest, formant la « gorge de Marite » et la « gorge du loup », qui joignaient leurs eaux dans la « cascade de la Vayssière », suivie de la « cascade du Trou de l’Arnus ».
Au début du siècle, le site même de « la Source » fut cruellement mutilé pour faire passer une route accédant au causse. Puis en 1930, un usinier capta les eaux du Créneau dans la grotte même, avant les fonds d’émergence, fit construire un barrage à l’intérieur de la falaise, et amena les eaux en conduite forcée à la sortie du village où fut édifiées une usine hydroélectrique.
Le dommage était grand ; mais on ne s’en tint pas là : le barrage intérieur fut surélevé et de ce fait les cascades et gorges furent asséchées, les trois quarts de l’année ; certaines même, comme la cascade du « Trou de l’Arnus », le furent définitivement.
En 1963, fut créée une association de défense du site de Salles-la-Source. Celle-ci essaie depuis lors d’obtenir la protection de ce que d’éminents admirateurs ont signalé au public : Elisée Reclus, Prosper Mérimée, M. Edouard Martel, pionnier de la spéléologie, et plus près de nous, M. Maurice Druon, ancien ministre, qui le qualifie de « site exceptionnel ».
En dehors de ces charmes naturels, Salles-la-Source possède un château moyenâgeux (IXème-XIIIème siècles), les vestiges d’un château d’Armagnac, en partie troglodytique, dont une tour avancée est encore en excellent état, une église romane (classée), des caves, des grottes à stalactites et encore, sur le territoire même de la commune, le « Tindoul de la Vayssière » qui aboutit en plein causse à la rivière souterraine.
M. Edouard Martel l’explora et en commença l’aménagement ; mais celui-ci était difficile et il l’abandonna après la découverte de Padirac.
Actuellement une enquête doit avoir lieu pour définir dans quelles conditions l’usine est susceptible d’obtenir une concession.
Cette usine propose de faire recycler l’eau de la grande cascade par un système de pompage, enlevant à celle-ci sa qualité naturelle et faisant disparaître définitivement certaines cascades secondaires… L’association de défense du site de salles-la-source essaie de faire échec à ce projet.
En décembre dernier, fut tenu à Rome une « réunion des communes d’Europe » pour discuter de la politique de l’environnement dans la Communauté Européenne. A l’issue de cette réunion, les congressistes n’ont pas hésité à affirmer dans leur résolution finale :
« la protection de l’environnement ne devra en aucun cas être sacrifiée aux difficultés économiques du moment ».
Cette résolution s’applique parfaitement au cas de Salles-la-Source, aussi nous permettrons-nous d’espérer qu’il en sera tenu compte dans la décision qui devra prise en ce qui la concerne. »
[…] La SPPEF avait publié un article dans sa revue, en 1975 : « Un beau village : Salles-la-source ». […]