Pourquoi l’installation hydroélectrique de Salles-la-Source ne respecte-t-elle pas l’obligation de débit réservé ?
L’installation hydroélectrique de Salles-la-Source cumule un nombre incroyable d’irrégularités sous l’œil bienveillant de la Préfecture de l’Aveyron qui les cautionne. Dans cet article, il sera expliqué pourquoi l’installation hydroélectrique de Salles-la-Source ne respecte pas l’obligation de débit réservé ?
Qu’est-ce qu’un débit réservé ? Le débit réservé est le « débit minimal obligatoire d’eau » (en principe 10% du débit total moyen) que les propriétaires ou gestionnaires d’un ouvrage hydraulique (barrage, unité hydroélectrique…) doivent « réserver au cours d’eau et au fonctionnement minimal des écosystèmes », et maintenir en tout temps, « au droit ou à l’aval immédiat » de l’ouvrage.
Il est légalement défini par l’article L.214-18 du code de l’environnement qui impose à tout ouvrage transversal dans le lit d’un cours d’eau (seuils et barrages) de laisser dans le cours d’eau, « un débit minimal garantissant en permanence la vie, la circulation et la reproduction des espèces présentes ». Ce débit, d’une manière générale, ne doit pas être inférieur au 1/10ème du module (il est estimé à Salles-la-Source à 70 litres par seconde). Il a été à l’origine introduit par « la loi sur l’eau et les milieux aquatiques » du 30 décembre 2006.
Le débit réservé est obligatoirement applicable, sur toutes installation comprenant un barrage ou une digue faisant obstacle au libre écoulement de l’eau, à la date de renouvellement de l’autorisation, et au plus tard au 1er janvier 2014.
Exemple de débit réservé : la barrage laisse passer une partie de l’eau dans le cours naturel de la rivière
La loi sur le débit réservé n’est pas appliquée à Salles-la-Source et le projet de décret d’autorisation de l’installation hydroélectrique prévoit un simple « débit restitué » (par la conduite forcée) à mi-chemin entre le barrage et la cascade, privant ainsi le Créneau de sa source.
Pourquoi la Police de l’eau, si rigoureuse en d’autres circonstances, ferme-t-elle ici les yeux ?
Eléments de compréhension :
Tout à droite, le barrage souterrain, en travers de la rivière souterraine du Créneau. Construit à l’intérieur de la falaise, il est invisible du visiteur qui passe à proximité de celle-ci. L’installation souterraine comprend le lac de retenue d’eau (estimé dans le dossier d’autorisation entre 4500 à 5000 m3), le barrage et la prise d’eau proprement dite.
Cette prise d’eau est à la base de toute autorisation administrative de prélèvement d’eaux, car elle est au départ d’une dérivation qui, à son aboutissement en aval, restitue ce prélèvement au ruisseau.
C’est donc là que devrait être prévu un « débit réservé » laissant au minimum 10 % de l’eau du Créneau, en libre circulation dans le cours naturel du ruisseau
Caractéristiques du barrage selon la DREAL Midi-Pyrénées :
classé en catégorie D, il aurait dû faire l’objet d’un contrôle indépendant avant le 31 décembre 2012 et d’un registre de sécurité. Il est toujours « en attente »…
Réserve d’eau souterraine en amont du barrage de Salles-la-Source
Départ de la conduite forcée au niveau du barrage souterrain dans la falaise de Salles-la-Source et « vanne de tête »
Conduite forcée dans la galerie souterraine : on constate que 100 % de l’eau a été prélevée et l’absence de débit réservé.
Sortie de la conduite forcée à l’air libre : ce lieu était jadis appelé la « Grande Fontaine »…
Sortie de la conduite forcée à l’air libre (2) : l’eau est entièrement canalisée
Tronçon du Créneau asséché en totalité
Ci-dessus le deuxième bras de la rivière donnant naissance au ruisseau de la Gorge au loup, totalement asséché, suite à de petits barrages construits dans la grotte souterraine ».
(Voir : « le ruisseau oublié : la gorge du loup » )
Revenons au premier ruisseau : à partir d’un piquage sur la conduite forcée, un peu d’eau est restitué dans le Créneau, au niveau de ce petit bâtiment relativement récent, appelé à tort « moulin à huile » par la SHVSS (zone (1) sur le plan cadastral, en haut de page)
Deuxième restitution d’eau dans le Créneau, à partir de la conduite forcée, en amont de la cascade (zone (2) sur le plan cadastral, en haut de page)
L’association « Ranimons la cascade ! »,
dans l’attente de l’arrêt complet de l’installation,
pour lequel elle se bat,
exige que la loi sur le débit réservé obligatoire soit effectivement appliquée.
Bonjour,
je travaille chaque jour pour rénover des anciens moulins, la plupart construits il y a plus de 200 ans, avant la révolution française … Il y a encore 100 ans, beaucoup tournaient, dans des paysages magnifiques et sur des rivières non polluées et poissonneuses. Actuellement, les rivières sont des dépotoirs, où se déversent les pesticides et autres produits de l’agriculture intensive, les résidus de lavage de routes, industrie, etc … et on prône l’arasement des seuils et la destruction des micro-centrales pour les transformer en égouts : vive les loisirs, la pêche, le canoë, les cascades et leurs boutiques de marchands de frites, la centralisation des productions d’énergie, le nucléaire et les méga projets éoliens ou photovoltaïques dans le Sahara. Je ne connais pas le dossier de cette cascade, mais il me semblerait plus judicieux de combiner la production locale d’une énergie hydraulique propre, avec la restauration d’une (petite) cascade exploitant le débit réservé (quoi que peu de poissons doivent remonter pareille chute), plutôt que de prôner un retour total à la nature. Je préfère inculquer à mes enfants des notions d’économie d’énergie, et de petites productions locales d’énergie renouvelable, à faible impact écologique, plutôt que de les voir se goinfrer béatement d’énergie nucléaire, en attendant la prochaine explosion. Cordialement. d.Beaume
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