Condamné à 3 ans de prison dont un ferme pour avoir pissé dans la cascade de Salles-la-Source
C’est une affaire passablement insolite qui a été appelée hier devant le tribunal correctionnel de Rodez. Y était assigné, en comparution immédiate, un prévenu d’une quarantaine d’années, le nommé S. R., domicilié à Puteaux (Hauts-de-Seine). Il était poursuivi pour pollution et dégradation de site, délit aggravé par celui d’outrage à collectivité publique.
Les faits remontent à la semaine dernière. S. R., qui effectuait depuis quelques jours une visite touristique de l’Aveyron, était lundi de passage à Salles-la-Source. S’étant arrêté devant la fameuse cascade, il avait fait le tour de la vasque dans laquelle elle se déverse. C’est alors, selon les explications qu’il a fournies aux juges, qu’il aurait été pris d’un besoin naturel pressant. Comme – et toujours selon ses dires – les lieux étaient déserts, il a cru pouvoir se livrer à l’épanchement naturel intime dont il éprouvait l’impérieuse nécessité… directement dans l’onde pure du déversoir lui-même.
La police scientifique sur le coup
Cette façon aussi expéditive que cavalière d’adjoindre une mini cascade, si temporaire soit-elle, à celle qui, par elle-même, suffit à faire la renommée du site n’a pas été du goût d’un autre visiteur survenu en pleine miction. Tout à son indignation, ce témoin avisé a relevé le numéro d’immatriculation de la voiture du sans-gêne quidam au moment où il quittait les lieux de son forfait. Et il a aussitôt appelé les gendarmes. Une patrouille a été immédiatement dépêchée à Salles-la-Source. Le brigadier de service a eu la présence d’esprit de procéder à un prélèvement d’eau dans la vasque à titre d’élément de preuve éventuel. Le « plan épervier » était déclenché sur l’ensemble du département. Dans l’après-midi, le délinquant était appréhendé sans opposer de résistance sur l’un des barrages routiers mis en place.
Conduit devant le juge d’instruction de Rodez, il commençait par nier farouchement les faits qui lui étaient reprochés. C’est à ce stade que l’échantillon judicieusement recueilli au pied de la cascade s’est avéré précieux. Il était transporté par hélicoptère, en même temps qu’un prélèvement de salive de l’individu, dans les locaux de la police scientifique de Toulouse. L’analyse a révélé sans que puisse subsister le moindre doute la parfaite similitude entre les infinitésimales traces d’ADN présentes dans l’eau et l’ADN de la salive. Confronté à cette infaillible preuve de sa culpabilité, S.R. s’effondrait et avouait son forfait.
Stimulé par le bruit de la cascade
Devant les juges, et en réponse aux questions toujours aussi pertinentes de M. Julien Laroumègue qui présidait l’audience, S.R. a expliqué ne vraiment pas comprendre ce qui lui avait pris l’autre jour à Salles-la-Source.
« Je pense que c’est le bruit de la cascade qui a stimulé mon envie urgente. Je regrette. Je ne recommencerai plus. »
Me Jennifer Lestofi, en tant que partie civile, représentait la commune de Salles-la-Source et la communauté de communes de Conques-Marcillac : « Pour la collectivité publique, soulignait-elle, le préjudice est incalculable. Désormais, à cause de cette inqualifiable atteinte à son intégrité, l’abominable présomption de pollution risque d’être pour longtemps a]achée au site. Et on n’ose pas imaginer les conséquences traumatiques qui auraient pu découler de ce geste inconsidéré si des jeunes filles, des enfants ou des personnes fragiles avaient été exposées malgré eux à l’inhumain spectacle de cette impudique miction. »
Me Lestofi concluait en réclamant une somme de 150.000 euros pour la commune de Salles-la-Source et la communauté de communes.
Le réquisitoire de Xavier Dupont de Cadoul qui occupait le siège du ministère public a été particulièrement sévère : « Qui le prévenu croit-il abuser, lançait-il, quand il tente de faire croire que son acte n’a pas été mûrement réfléchi, longuement préparé, minutieusement mis à exécution avec l’intention bien délibérée de nuire ! Est-ce par hasard qu’il a choisi la cascade de Salles-la-Source, l’un des plus prestigieux fleurons de notre région, de notre Pays, pour commettre ce sacrilège écologique ? Cet acte inqualifiable, perpétré en pleine conscience et de sang-froid est une insulte à la Nature dans ce qu’elle a de plus noble, de plus sacré. Il doit être puni en conséquence. Par la sanction que vous prononcerez, Mesdames et Messieurs les juges, vous marquerez en même temps votre ferme volonté de ne plus tolérer que des atteintes soient portées à cette cascade et à ce site de Salles-la-Source dont nous n’entendons que trop parler, et depuis trop longtemps. Je profite d’ailleurs de cette occasion pour le clamer haut et fort : la légalité républicaine doit être rétablie à Salles-la-Source.
Nous y veillerons les uns et les autres, dans le cadre strict des prérogatives qui sont nôtres. Avis à tous ceux qui croient pouvoir impunément compisser la loi, au sens propre comme au sens figuré.»
Le procureur demandait une peine de cinq ans de prison assortie d’une amende de cinquante mille euros. Me Rodolphe Lacibade, l’avocat de la défense, plaidait la non préméditation.
« J’ose le dire crûment à la face de la Société tout entière au nom de laquelle vous siégez, Monsieur le président, Monsieur le procureur, Mesdames et Messieurs les juges : que celui qui jamais n’a jamais pissé hors des limites permises jette sur mon client les premières gouttes de l’opprobre ! Cette intime question, je vous la soumets sans ambages. Il vous appartiendra d’y répondre dans le secret de vos consciences. Je ne doute pas alors que vous saurez faire preuve de compassion envers un époux, un père de famille honorable qui n’a jamais jusqu’à présent subi la moindre condamnation. Et qui promet de rester strictement à l’avenir sur le droit chemin des urinoirs. »
Après une brève suspension de séance, le tribunal faisait connaître sa décision : S.R. est condamné à une peine de trois ans de prison dont un ferme, à trente mille euros d’amende et au versement du franc symbolique à la commune de Salles-la-Source et à la communauté de communes de Conques-Marcillac.
« Mon client ne doit pas servir de bouc émissaire pour tous les manquements à la loi qui se sont commis et continuent de l’être à Salles-la-Source ! Nous allons bien évidemment interjeter appel.», devait commenter Me Lacibade.
La fin du laisser-pisser à Salles-la-Source
Contacté pour donner son sentiment sur ce jugement, M. Jean-Louis Alibert, le maire de Salles-la-Source, se disait surtout heureux des déclarations du procureur de la République : « Nous ne pouvons qu’approuver sa volonté de faire appliquer la loi sur notre commune. »
M. Bernard Gauvain, le président de l’association « Ranimons la cascade ! » dont on connaît l’engagement pour la défense du site, exprime sensiblement le même ressenti optimiste : « Nous avions l’impression jusqu’à présent qu’il pouvait se commettre n’importe quelle infraction à Salles-la-Source sans que la Justice bouge. Nous avons maintenant l’assurance, après avoir entendu cette déclaration sans ambiguïté du procureur, que tous les signalements que nous avons pu faire à propos de la microcentrale (abus de biens sociaux, faux contrat signé entre EDF et la Société hydroélectrique de la Vallée de Salles-la-Source, construction illégale d’un second barrage, et j’en passe) vont enfin être suivis d’effets. Bref, si j’osais, je dirais, à la lumière de ce tout récent épisode tragico-comique devant le tribunal, que c’est apparemment fini, pour la Justice, de tout laisser pisser à Salles-la-Source. »
Quant aux poissons du Créneau qui ont été aux premières loges de l’agression du pisseur sauvage, ils n’ont pas encore à ce jour fait connaître leur réaction.
Photo AFP
Toute allusion à ce qui se passe en ce moment pout la cascade est je suppose fortuit !
Parfaitement !
Très bon pour ce 1er avril.
Il ne faut jamais laisser pisser!
J’espere bien que c’est un poisson d’avril,parce que je trouve que c’est cher paye pour un pipi dans de l’eau qui coule …..
Merci pour ce reportage détaillé qui dénote bien l’entier dévouement des défenseurs de la cascade !
Nous pourrions baptiser la cascade « Cascade de La Pisse », mais le nom est déjà pris dans les Hautes Alpes, près de Briançon.
Cordialement, un habitant de Cadoul (donc voisin du célèbre avocat),
Poisson ? d’avril
La plume d’Yves, reconnaissable entre toutes dans notre Vallon, a « commis » son traditionnel billet printanier pour consacrer au rite poissonesque ! Merci Yves de ce bon moment de rire : on en a tant besoin par les temps cauchemardesques que nous vivons !
Mais n’est-ce pas en vin – zut, en vain – que vous vous gaussez de Bernard ? En prétendant qu’il aurait déclaré que la Justice ne laisserait plus pisser les épouvantables escroqueries dont les salles-sourçois ont juste motif de se plaindre depuis tant d’années ? J’ai du mal à le croire ! Et je crains que nous n’ayions encore bien des occasions d’avoir à suivre les rebonds des procédures toujours en cours. Les poissons du Cruou doivent s’en tordre de moquerie, des rebonds…
Si au moins ça nous donne des occasions de se revoir bientôt en « présence-ciel », san
La plume d’Yves, reconnaissable entre toutes dans notre Vallon, a « commis » son traditionnel billet printanier pour consacrer au rite poissonesque ! Merci Yves de ce bon moment de rire : on en a tant besoin par les temps cauchemardesques que nous vivons !
Mais n’est-ce pas en vin – zut, en vain – que vous vous gaussez de Bernard ? En prétendant qu’il aurait déclaré que la Justice ne laisserait plus pisser les épouvantables escroqueries dont les salles-sourçois ont juste motif de se plaindre depuis tant d’années ? J’ai du mal à le croire ! Et je crains que nous n’ayions encore bien des occasions d’avoir à suivre les rebonds des procédures toujours en cours. Les poissons du Cruou doivent s’en tordre de moquerie, des rebonds…
Si au moins ça nous donne des occasions de se revoir bientôt en « présence-ciel », sans masques, sans gestes barrière et en rigolant, on s’en consolera bien !
De retour à Cassagnes en avril, je vous salue amicalement tous deux. En attendant peut-être l’occasion de se croiser au marché de Marcillac, auquel je reste fidèle.s masques, sans gestes barrière et en rigolant, on s’en consolera bien !
De retour en avril, je vous salue amicalement tous deux. En attendant peut-être l’occasion de se croiser au marché de Marcillac, auquel je reste fidèle.
Faire pipi sur un poisson même d’avril est condamnable ?????
Prison qu’il ne fera JAMAIS une grosse amende EN PLUS EN FONCTION DE SES REVENUS ! ?
Et au moins un poisson à survécu à cet odieuse tentative d’empoisonnement des lieux !!! ???
Je me suis bien fait avoir ! mais sais t’on jamais avec la justice! un de mes amis qui possède une petite centrale hydraulique sur une rivière du T et G, s’est vu ,le lendemain d’un orage, verbalisé par le garde pêche parce qu’il y avait des branches qui obstruaient plus ou moins l’échelle à poissons ! l’affaire aurait pu en rester là ! que nenni , il s’est retrouvé en correctionnelle et a été condamné à 3000€ d’amende et s’est vu ratifié sur son casier judiciaire de la mention : entrave à la libre circulation des poissons !!! histoire vrai et hors poissons d’avril !! alors ………………
Voila un bon exemple des deux poids deux mesures que nous dénonçons…
C’est considéré comme un empoisenement pire que les labos Servier alors, prison ferme ?
Ouf , enfin la loi va être respectée !
M’enfin ça suffit ! Cette pauvre cascade
doit en finir de subir tous les outrages
Merci pour ce poisson d’avril si je puis dire, rafraichissant !