Une dépêche de l’Agence France Presse

Une Dépêche de l’AFP du 6 juillet, signée de  Guy Clavel, a donné un nouveau coup de projecteur médiatique national sur l’affaire de la centrale hydroélectrique de Salles-la-Source :

Aveyron : un village lutte pour retrouver sa cascade emblématique

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Un homme se tient devant la Grande Cascade de Salles-la-Source, le 14 janvier 2013 (Photo Eric Cabanis. AFP)

« La guerre de l’eau fait rage à Salles-la-Source, en plein coeur de l’Aveyron, où des villageois veulent voir couler à plein débit leur Grande Cascade, dont l’eau est détournée par le propriétaire d’une petite centrale hydroélectrique.

« C’est une personne contre un territoire », résume le maire, Robert Caule.

Une falaise de tuf, un village médiéval accroché au bord du Causse comtal, et une cascade monumentale qui semble sortir des maisons et déverse des tonnes d’eau dans une vasque naturelle une vingtaine de mètres plus bas…

Mais ce tableau qualifié au XIXe siècle par le géographe Elysée Reclus « d’un des plus merveilleux sites de France » fait partie du passé : depuis le début des années 1930, une retenue souterraine a été érigée en amont sur la rivière dont la résurgence forme la cascade, pour amener l’eau à une conduite forcée de 630 m alimentant la centrale électrique.

Et désormais, « la cascade ne coule qu’au bon vouloir de l’exploitant, dont l’intérêt est de ne pas la faire couler » pour produire de son côté plus d’électricité, revendue à EDF, se désespère le vice-président de l’association « Ranimons la cascade », Louis Droc.

 

Pour les mariages

L’ensemble du site est unique : le village s’étage sur trois niveaux, avec trois églises, trois châteaux et trois autres cascades également impressionnantes.

Du XIIe au XIXe siècle, plusieurs moulins s’étaient installés le long d’un petit canal dérivé de la rivière. Mais vers 1930, les propriétaires d’une filature locale ont construit l’installation hydroélectrique.

Depuis 80 ans, dénonce l’association, la Grande Cascade qui recevait naturellement « 700 litres par seconde en moyenne » n’est alimentée qu’artificiellement par l’eau dérivée de la conduite forcée, lorsque le propriétaire gérant actuel de la centrale, Jean-Gérard Guibert, ouvre une vanne.

Dans le passé, il est arrivé qu’elle se limite à un filet d’eau, ou alors elle coulait uniquement pendant certains créneaux horaires, raconte Raymond Séguret, adjoint à la mairie. Pour les mariages, on faisait ouvrir la vanne pour la traditionnelle photo des mariés. « Comme à Disneyland », s’offusquent les partisans de la cascade.

« Nous donnons la priorité à l’alimentation de la cascade », se défend le propriétaire gérant de la Société hydroélectrique de la vallée de Salles-la-Source, « mais en l’absence de précipitations, relève-t-il, il n’y a plus d’eau… » Et de rappeler la sécheresse qui a sévi sur la région ces dernières années.

 

Le château s’en mêle

Quant au débit, il assure fournir à la cascade plus que ses obligations: 70 l/s, soit 10% du débit moyen annuel estimé pour la rivière souterraine – 700 l/s au lieu de captage -, alors qu’il n’est tenu par la loi qu’à 17,5 l/s.

En 2005, la concession de la centrale est arrivée à échéance et M. Guibert, le gérant, l’exploite désormais avec une autorisation de turbiner délivrée par la préfecture.

« Ranimons la cascade », qui revendique 220 membres, s’est lancée dans une longue bataille juridique, dénonçant des « irrégularités du dossier » sur lesquelles, selon elle, la préfecture ferme les yeux.

La bataille de la cascade a suscité plusieurs autres querelles judiciaires.

Un de ces fronts a été ouvert par le propriétaire du château des Ondes. Denis Mathieu a ainsi obtenu gain de cause en justice pour faire enlever la section de la conduite forcée qui passe sur ses terres. M. Guibert a fait appel.

La mairie, de son côté, vient de se voir accorder en justice le paiement d’arriérés sur la redevance annuelle que le propriétaire actuel a cessé de payer depuis la fin de la concession.

Par ailleurs, quand le maire dit craindre pour la sécurité du village en raison de la retenue souterraine en amont, l’exploitant rétorque qu’il s’agit d’un simple muret de dérivation et non d’un barrage.

Ce mois de juin, la nature a mis tout le monde d’accord: la cascade coulait à flot en raison des pluies exceptionnelles tombées dans la région. »

 

Deux remarques à propos des arguments de M. Jean-Gérard Guibert :

1) L’exploitant a beau dire, il est tenu par l’arrêté desursis à statuer du 10 décembre 2012 de fournir un minimum de 70 l/s et ce 24h/24, ce qu’il ne peut ignorer, l’arrêté étant affiché sur le mur de l’usine. Mais 70 l/s c’est bien peu,  lorsque même en période sèche l’exploitant turbine 350 l/s en permanence, soit les 5/6 de l’eau disponible…

2) La barrage (et non muret) a été classé « catégorie D ». De ce fait il devait obligatoirement être contrôle avant le 31 décembre 2012. La Préfecture a récemment notifié à l’Association Ranimons la cascade ! » que ce contrôle n’avait pas encore été fait.

Quelques exemple de sites ayant répercuté la dépêche de l’AFP :

Midi-Libre – pages régionales – 16 juillet 2013 :

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