Un rêve étrange

Ce 13 mai, lors du rassemblement organisé par « Ranimons la cascade ! » pour interpeller le préfet et les candidats aux législatives, notre ami Yves Garric racontait un de ses rêves, vraisemblablement inspiré par l’affaire de la cascade. Se pourrait-il que des faits réels aient pu l’inspirer ?

J’ai fait l’autre nuit un rêve étrange et pénétrant. Tellement « étrange et pénétrant » que j’hésite à vous le raconter. Mais comme il me paraît avoir un rapport avec cette affaire, qui nous occupe, de la cascade, je me résous quand même à vous en faire part.

J’étais donc au plus profond d’un paisible sommeil lorsque l’Administration est venue me visiter. Elle était en nuisette vaporeuse, quasiment transparente. Ses longs cheveux tombaient sur ses épaules nues. Elle s’est avancée jusqu’à ma couche. Elle s’est penchée sur moi avec un sourire à la fois mélancolique et engageant. Elle est restée un moment à me regarder fixement. Et je dois dire que j’en étais assez estomaqué. Et puis, sans crier gare, l’Administration a plongé le bras sous sa nuisette, elle en a tiré une ample liasse de papiers qu’elle a, dans un geste ample, déversés sur mon lit. Elle a fondu en sanglots et, dans un cri déchirant, elle m’a lancé :

« Homme, pourquoi me harcèles-tu ? »

« Mais, lui ai-je répondu le premier moment de stupéfaction passé, mais, Administration, je ne te harcèle point ! »

«Tu me harcèles, a-t-elle rageusement répliqué. Toi et tes copains de « Ranimons la cascade ! » vous ne cessez de me harceler, depuis plus de sept ans, avec vos envois de courriers auxquels vous me sommez de répondre ! »

Là, elle s’est brusquement jetée dans mes bras en criant :

« Oh aime-moi ! Aime-moi comme je mérite que tu m’aimes ! »

C’est alors que je me suis réveillé en sursaut. Plus exactement, c’est mon épouse, à mon côté, qui m’a donné une bourrade dans les côtes, ce commentaire à l’appui :

« Voilà maintenant que tu parles de la cascade en dormant. Et qu’est-ce que c’est, au juste, que cette « Administration » ? »

Ce rêve – je dirai plutôt ce cauchemar – m’a poursuivi au point que je suis allé dès que j’ai pu voir un ami psychanalyste. Son verdict a été sans appel :

« Culpabilisation ! Culpabilisation aigüe !, m’a-t-il exposé. Tu te reproches clairement de harceler l’Administration. Tu donnes de surcroît une connotation sexuelle à cette faute, ce qui en fait la forme la plus répréhensible de harcèlement. »

À partir de là, c’est toute une prise de conscience qui s’est rapidement opérée dans ma tête. Et si, à « Ranimons la cascade ! », depuis six ans, bientôt sept, nous étions effectivement coupables de pression psychologique sur l’Administration ? Si nous, la puissante association forte de milliers de sympathisants, abusions de notre incontestable supériorité, pour terroriser la fragile, timide, délicate Administration ? Car enfin, comment qualifier autrement que de « harcèlement », voire de « terrorisme », cette détestable habitude que nous avons prise de lui adresser courrier sur courrier pour soi-disant obtenir des réponses à nos innombrables questions ?

Ah… nous avons le temps, nous, de nous en poser des questions ! Nous aimons apparemment ça au point que depuis six ans – bientôt sept – notre noyau de bénévoles passe des heures, des journées, parfois des nuits à essayer de débroussailler cet inextricable dossier de la microcentrale. Il en résulte tous ces questionnements que, au lieu de garder pour nous, nous croyons opportun de soumettre à l’Administration. Elle a le temps, tiens, l’Administration, de répondre à nos stupides interrogations !

Et puis cette manie que nous avons de voir le mal partout. Qu’est-ce qu’une fraude, ou même deux, ou même trois ou quatre, quand d’autres mettent leur fric dans des paradis fiscaux, salarient leur conjoint aux dépens de la République. Ou se font offrir des costards à plusieurs milliers d’euros. Ou encore rémunèrent de prétendus attachés parlementaires à ne rien faire de ce pourquoi ils sont embauchés, aux frais du parlement européen ?

Alors, toutes ces lettres dont nous inondons l’Administration, hein… Elle a bien autre chose à faire, l’Administration, que de s’occuper de sornettes pareilles. Comme si les fonctionnaires, hauts ou moins hauts, étaient au service des citoyens, et non pas l’inverse. Faut quand même pas charrier !

Et puis, entre nous, il ne s’agit que d’une cascade. Et que du développement local d’un petit pays comme il y en a tant à travers la France et la Navarre. Quant aux irrégularités dont est truffé le dossier de la microcentrale, ce n’est tout de même pas ça qui va mettre la République en danger. Et où on a vu, nous autres, à « Ranimons la cascade ! », que l’Administration devait se préoccuper d’éthique et de morale ?

Alors, l’Administration, pardon. Pardon pour toutes ces années de harcèlement. Mais, à vrai dire, maintenant que le pli est pris et bien pris, nous ne sommes pas sûrs de ne pas continuer sur cette voie du questionnement où nous sommes engagés. Il y aurait une solution pour assurer notre guérison définitive : nous répondre. Nous répondre et agir en conséquence.

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Ce rêve aurait-il pu être inspiré par les paroles rapportées de la secrétaire générale Dominique Consille lors de sa rencontre avec l’association, le 3 février 2017 ?

Toujours est-il que suite à 4 courriers envoyés par l’association à la préfecture en 4 mois, celle-ci avait estimé que « ses services n’étaient plus en capacité de répondre à nos multiples demandes » et  que « notre attitude vis-à-vis de l’Administration allait bientôt nécessiter de notre part une réaction de protection fonctionnelle vis-à-vis de ses fonctionnaires ».

4 courriers en 4 mois suffiraient donc à désorganiser l’Administration. L’un d’entre eux, daté du 7 novembre 2016 et concernant la fin de la concession, n’a d’ailleurs toujours pas reçu de réponse

 

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