Un mois dans la conduite forcée : la folle « opérations survie » du cascadeur suisse-allemand Ulrich Sauthöpelklaus
Le cascadeur suisse allemand Ulrich Sauthöpelklaus vit depuis hier soir confiné plus qu’à l’étroit dans la conduite forcée qui alimente la microcentrale hydroélectrique de Salles-la-Source…. C’est le nouvel et fol exploit auquel vient de s’attaquer cet impénitent casse-cou célèbre, notamment, pour avoir passé quinze jours à bord d’un sous-marin de poche au fond de la fosse marine des Philippines, 10 500 mètres sous la surface de l’Océan Pacifique.
Derniers préparatifs d’Ulrich Sauthöpelklaus, qui vient de quitter le camion-laboratoire stationné devant la cascade, avant d’intégrer la conduite forcée… (photo Keystone)
Dans un tuyau de 70 cm
Il y a moins d’un an, cet adepte de la claustration extrême était resté une semaine entière enfermé dans le pneu d’un camion de transports routiers, le temps d’un tour d’Europe de plusieurs milliers de kilomètres. Il en était sorti passablement éprouvé, au point qu’il avait dû être hospitalisé dans un état critique. Ulrich Sauthöpelklaus avait fait de nouveau parler de lui en juin dernier en investissant à Washington un ascenseur de la Maison Blanche dont il avait réussi à bloquer le fonctionnement pendant trois semaines, vivant sa vie à l’intérieur, au nez et à la barbe des services de sécurité du président Obama. Cette excentricité lui avait valu trois mois de prison ferme… un détail pour ce spécialiste du confinement. Et le voici donc à présent confortablement (si l’on ose dire !) installé à l’intérieur de la conduite forcée qui descend de la falaise de Salles-la-Source jusque dans la Vallée du Créneau. Il compte rester un mois entier coincé dans l’obscurité de ce tuyau d’acier de soixante-dix centimètres de section d’où il ne prévoit pas de sortir avant le 1er mai prochain. Si, toutefois, d’ici là personne ne vient l’en expulser… Car, est-il utile de le préciser : pour inédite qu’elle puisse passer, cette fantaisie du Suisse Allemand est loin de faire l’unanimité à Salles-la-Source… comme à Rodez, dans les services administratifs.
Une véritable opération commando
Tout a commencé hier en milieu de matinée par une véritable opération commando au pied de la falaise du Causse Comtal. En un clin d’œil, les équipiers du cascadeur ont investi la grotte qui abrite le barrage et le lac souterrains. Ils ont effectué, en un temps record et avec une maestria qui laissent supposer aux enquêteurs des complicités locales, les manœuvres de mise hors d’eau de la conduite forcée. Sans perdre une seconde, dûment harnaché et relié à une corde, sous les flashes des quelques photographes et cameramen qui avaient été mis dans le secret, Ulrich Sauthöpelklaus s’est introduit à l’intérieur du tube où il s’est laissé descendre. La population locale ne s’est rendu compte de rien. C’est par un communiqué transmis à l’Agence France Presse que les médias, tout comme les autorités locales, ont été mis au courant un peu avant midi. Moins de deux heures après, c’était la ruée des journalistes à Salles-la-Source. En fin de journée, le village était investi par les caméras de chaînes de télévision du monde entier. Tout un remue-ménage que les forces de l’ordre présentes en nombre sur place dès l’annonce de la tentative du cascadeur ont bien du mal à contenir.
Pour le fun, la science… et la cascade
Dans le communiqué de presse qu’ils ont rendu public, Ulrich Sauthöpelklaus et ses collaborateurs justifient cette tentative par le souhait du cascadeur de réaliser un nouvel exploit « pour le fun déjà ». Ils soulignent dans le même temps l’intérêt de cette opération sur le plan scientifique. L’homme-cobaye qui en est le héros est en effet bardé, des pieds à la tête, de capteurs qui transmettent en permanence leurs données à une camionnette-laboratoire stationnée devant la cascade. Une équipe de psychologues est par ailleurs en contact permanent avec lui par liaison radio. « Les paramètres recueillis seront précieux notamment pour les préparations des vols spatiaux habités au long cours, type premiers hommes sur Mars. »
Par la même occasion, Ulrich Sauthöpelklaus entend manifester sa réprobation vis-à-vis de ce qu’il appelle « le saccage du site mondial de Salles-la-Source ». « Je l’ai découvert par hasard en me rendant à Conques, précisait-il hier soir sur une chaîne de télévision. J’ai tout de suite été conquis par sa beauté et scandalisé par le détournement de l’eau de la cascade. Pendant un mois, en m’imposant dans la conduite forcée, je vais bloquer le fonctionnement de la microcentrale. Cela préfigurera, je l’espère, son arrêt complet. »
Si le cascadeur se déplace régulièrement tout le long de la conduite pour se donner de l’exercice et éviter l’ankylose de ses membres, il a établi une sorte de campement sur un point fixe. Ce n’est pas par hasard qu’il l’a choisi à l’aplomb de la route vicinale : « Ainsi, je serai sur la propriété de la commune. Le gérant de la microcentrale pourra difficilement me reprocher de squatter son tuyau alors que lui-même a le culot de ne pas payer de droit de passage à la collectivité. »
Le gérant : « J’ai des relations… »
S’exprimant sur une radio périphérique, M. Jean-Gérard Guibert, le gérant de la microcentrale, ne cachait pas, de son côté, son irritation devant ce qu’il qualifiait d’ « acte terroriste » : « Voilà, disait-il, à quelles extrémités conduisent les actions irresponsables des opposants de « Ranimons la cascade ! ». Par leur faute, c’est la Nation tout entière qui est privée de cette énergie que je mets à sa disposition par pure générosité. Car – je tiens à le dire – ce ne sont pas les cent cinquante mille euros par an que me rapporte cette microcentrale qui me motivent mais bien l’intérêt public. Mais j’ai des relations bien placées. Et j’espère bien que l’Administration saura mettre fin rapidement à cette plaisanterie qui n’a déjà que trop duré. »
Personne, pour l’heure, gendarme, pompier ou même spéléologue, ne semble volontaire pour aller déloger le cascadeur de la position, propre à décourager les moins claustrophobes, où il se trouve. Les forces de l’ordre se bornent actuellement à contenir la foule des curieux qui ne cessent d’affluer à Salles-la-Source. Et à assurer la sécurité du cascadeur en veillant à ce que la conduite forcée ne soit pas indûment remise en eau et qu’il ne soit subitement transformé en poisson. Ou, plutôt, en mousse de poisson.
Le cascadeur intègre la conduite forcée à l’intérieur de laquelle il compte rester un mois… (photo AFP)
Lire aussi dans la même série :
– Une annexe d’Harvard à Salles-la-Source (1 avril 2013)
– Du gaz de schiste s’enflamme à Salles-la-Source (1 avril 2011)
L’Hebdo – 4 avril 2014
Vos réactions à notre poisson d’avril :
« BRAVO / pas mal pour un 1er avril. Bonne continuation » Jérôme,
« Bravo » François
« Elle est très bonne, bravo!!! Bonne journée poissons à tous » Michel et Geneviève
« Bonjour, Toujours aussi imaginatif pour le 1er avril !!!!! BRAVO Cordialement » Marcel
« Un gros poisson dans l’eau du tuyau! Bon courage pour votre combat pour la beauté de ce coin qui nous est cher. » Anne-Marie
« Bravo Yves ! et merci pour ce joli conte du 1er Avril. Je constate que ton imagination est toujours aussi fertile et qu’elle ne peut que servir la cause que vous défendez si justement . Amitiés » Gabriel
« mais alors… les poissons n’auront plus la place de passer !!! » Myriam
« Resterait-il une petite place pour le rejoindre ? Vu ma taille je pense être parfaitement à l’aise dans un tuyau de 70 cm et pouvoir même m’y assoir voire même m’y retourner. Cordialement » Georges
« « Ce poisson d’avril m’a fait beaucoup rire. J’espère que la cascade va retrouver sa splendeur ! Merci pour votre humour » Francis
« Bravo pour le poisson d’avril !!!!! » Anne-Marie
« Une imagination toujours bouillonnante !!Bravo, j’ai lu jusqu’à la dernière ligne … cela égaye bien ces jours moroses de débats politicards sans fin ; vive le 1° avril et ton prochain exploit! A bientôt !!! » Agnès
« Excellente idée d’utiliser un canular pour faire connaitre votre combat ! Bravo ! Bien cordialement » Guy
« Ah , j’ai marché !!!!!!!!!!!!!!!! Et je trouvais que c’était une super idée , une super action pour faire connaitre le problème et la lutte.
Juste une hésitation à la fin du mail où on évoque les années précédentes. Il ne reste plus qu’à trouver un volontaire………………………….
A bientôt pour la suite et bravo » Evelyne
[…] Le poisson d’avril de « Ranimons la cascade ! » destiné à médiatiser la cause de notre association a connu un grand succès. (Voir les commentaires) […]