Louis Balsan à la rescousse de Ranimons la cascade !
C’est sans l’ombre d’un scrupule ou d’une hésitation qu’à « Ranimons la cascade ! » nous nous plaisons à associer à notre combat la mémoire du grand Louis Balsan. Pas un instant nous ne doutons qu’il eût été à nos côtés dès notre premier rassemblement. Il n’aurait pas mâché ses mots pour dénoncer l’énorme, l’intolérable scandale de Salles-la-Source. Il aurait été aux avant postes, avec ce même courage, cette même liberté de parole dont il avait témoigné pendant l’affaire du Larzac.
Ce conservateur, ce notable chevalier de la Légion d’Honneur, fut le tout premier à prendre publiquement position, dès 1970, dans la « Revue du Rouergue » contre le projet d’extension du camp militaire. Dans le cadre de cette même affaire, en 1973, suite à un article publié dans « Le Monde » où il s’en était pris au ministre de la Défense nationale, il était démis de ses fonctions de conservateur des antiquités et objets d’art de l’Aveyron. Cette sanction ne le décourageait pas de continuer à s’impliquer dans la lutte du Larzac.
Que n’a-t-on pas plus d’hommes de cette trempe pour soutenir les combats citoyens d’aujourd’hui !
L’Aveyronnais Louis Balsan, né à Millau en 1903, décédé à Rodez en 1988… Le prestigieux Louis Balsan… On n’en finirait pas de citer les références de ce spéléologue et archéologue de renommée mondiale, à commencer par ses explorations aux côtés de Martel.
Pourquoi le citer seulement aujourd’hui ? Pourquoi n’avoir pas pensé plus tôt à en appeler à son tutélaire souvenir ? Oui, pourquoi !
Il a fallu que l’un d’entre nous tombe sur un article du même Louis Balsan dans la revue « Causse et Cévennes » de 1958 pour que sa présence s’impose brusquement comme une évidence à ceux d’entre nous qui l’ont connu et admiré.
Sans en changer une virgule, voici ce qu’il écrivait :
« A l’entrée du village de Salles-la-Source, capitale du Causse Comtal, une grande pancarte indique que le site que vous allez voir est l’un des plus pittoresques de France. Pourquoi ne vous dit-elle pas que sa municipalité est la plus vandale de l’Aveyron ? Elle a déshonoré le si délicieux manoir de Cougousse en construisant, devant sa porte, un édicule de ciment aussi mal placé qu’inesthétique. Sur la place du village, se trouvent de beaux noyers qui contribuent, pour une grande part, au charme des lieux : ils vont être abattus, avec la bénédiction de l’Administration, pour procurer quelques sous à la commune. Ainsi Salles-la-Source qui n’a pas su conserver son extraordinaire cascade, massacre, l’une après l’autre les beautés de son patrimoine. C’est son droit, sinon son devoir, mais qu’elle n’invite pas alors le passant à constater un tel vandalisme.
Touristes, fuyez ce pays de béotiens. »
Évidemment, n’ayant pas eu l’occasion de constater de visu les atteintes au patrimoine qu’il dénonce, nous laisserons à Louis Balsan la responsabilité de ses propos. Nous ne manquons pas cependant de relever ce qu’il écrit à propos du site de Salles-la-Source et de sa cascade.
À bien des égards, nous partageons son indignation, sa colère. Mais, trop impliqués que nous nous sentons dans la vie de Salles-la-Source, dans le développement local de l’ensemble de la commune, nous ne dirons pas avec lui : « Touristes, fuyez notre beau pays. »
Au contraire, nous invitons tous ceux qui partagent notre ambition pour Salles-la-Source à comprendre enfin la richesse environnementale et économique que représente un tel site. Et de tout faire pour le valoriser. Enfin !
Qu’un jour prochain, là où il est, Louis Balsan ait de bonnes raisons d’être content de Salles-la-Source.
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