La belle collection de pièces de moulins du Musée du Rouergue

A l’occasion des journées du Patrimoine 2014, l’accent a été mis à Salles-la-Source sur le thèmes des moulins à eau de la vallée du Créneau. C’est l’association « Ranimons la cascade ! », en partenariat avec le Musée du Rouergue et la Municipalité de Salles-la-Source, qui avaient mis en place cette journée thématique.

Après la visite du moulin de Gourjan, étonnamment conservé, les participants se sont retrouvés au Musée du Rouergue pour la découverte de la partie « moulins », toujours guidé par cet érudit et passionné qu’est Jean Delmas, fondateur et ancien conservateur du Musée.

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La visite a commencé par  quelques rappels historiques sur l’histoire de ce bâtiment chargé d’histoire : les débuts en 1830 avec la papèterie, la filature et la minoterie. Dépassée par la technique, la papèterie  rapidement fermé et la filature a occupé l’ensemble des bâtiments.

La forme de la charpente en « carène de bateau inversée » et avec ses multiples fenêtres servait au séchage des « draps »  produits (à cette époque on appelait « drap » le tissu) ; une bonne partie de la production servait à confectionner les vêtements des soldats…

Les hangars (détruits et remplacés par le bâtiment récent où se trouve la Mairie) servait au stockage des balles de laine apportées par les clients. La coutume était d’y attacher un échantillon du type de drap souhaité.

Dans la cour se trouvait la « teinturerie » (il n’en reste que la cheminée) ; L’ancienne Poste servait de bureaux de la comptabilité tandis que l’actuel « Restaurant de la cascade » abritait les bureaux de la direction.

Les métiers à tisser actuellement installés dans une aile du Musée n’ont pas leur origine à Salles-la-Source (il n’en restait rien lors de l’ouverture du musée en 1979), mais proviennent d’une filature de la vallée de la Coussane, proche d’Estaing. Pour l’anecdote, ne pouvant les démonter, on avait dû alors les sortir par la fenêtre…

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Ces métiers à tisser  de fonte avaient alors progressivement remplacés les anciens métiers de bois jusqu’à devenir eux -mêmes dépassés par de nouveaux procédés industriels…

Mais revenons à nos moulins…

La magnifique roue de moulin en bois, devenue emblème du musée du Rouergue, a été découverte par Jean Delmas au hameau de la Vialette, près de Frons, dans la commune de Camjac, proche de Naucelle dans le Ségala (la paroisse de Frons était rattachée à la grange monastique de Bonnefon, elle-même rattaché à l’abbaye de Bonnecombe). La roue a été rachetée à son propriétaire en décembre 1969. Trop grosse pour être sortie de sous la voûte du moulin, il a fallu alors la démonter, la faire sécher (elle était gorgée d’eau) puis la remonter. Elle est en bois de vergne (ou aulne) d’où sa couleur au ton rouge. Le bois d’aulne était choisi du fait de sa résistance à l’eau (imputrescibilité).

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Contrairement à ce que certains ont affirmé, Jean Delmas soutient, et apporté des preuves, que le moulin à roue horizontale est très ancien et a précédé le moulin à roue verticale. Il est sans engrenage, le mouvement circulaire de la roue horizontale (« rodet »), dans la dérivation du moulin entrainant directement l’axe du moulin sur laquelle est fixé par « l’anille » la meule volante du moulin (voir « A la découverte d’un moulin à roue horizontale de la  vallée du Créneau »).

D’autres roues en bois sont également présentées au musée :

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Les « cuillers » en bois des moulins les plus primitifs étaient souvent inégales car il n’y avait pas encore les gabarits qui permirent ensuite la régularisation de la taille de celles-ci.

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Les plus vieux moulins à eau du créneau à Salles-la-Source sont attesté dans le cartulaire de Conques en l’année 910, il y a plus de 11 siècles !

Plus vieux que ces moulins du moyen-Age « fantastique période d’innovation » (l’abolition de l’esclavage a rendu l’homme très ingénieux !), on trouvait des moulins mus par la main de l’homme :

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Les moulins à huile (de noix) sont reconnaissables par la meule verticale qui tourne sur une meule horizontale :

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Il y avait un moulin à huile à Salles-la-Source tout en haut du village, en, dessous de la « Filature Droc » (grande maison sous la falaise). Il a été entièrement détruit dans les années 80, les pierres étant réutilisées pour la construction de la maison .située sous le Musée. Peut-être la meule située dans le raccourci de la cascade (départ à gauche de la cascade) en provient-elle ?

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Les moulins à roue horizontale en bois furent plus tard remplacés par des moulins à roue en fer :

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Puis vint l’ère industrielle avec les grandes roues verticales et les engrenages en fonte. Ceux-ci étaient produits ici  dans les fonderies de Decazeville. Les premiers de ce type avaient conservé une roue à dents en bois, plus facile à changer en cas de rupture, celle-ci cassant en premier et pouvant être rapidement remplacée.

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Ainsi vont les techniques, les nouvelles remplaçant les précédentes, dépassées par l’innovation.  Le Musée du Rouergue en conserve précieusement le souvenir et en explique les évolutions. La collection des pièces d’anciens moulins est sans doute une des mieux conservées de France ! Ces moulins sont à l’origine de la prospérité du village de Salles-la-Source…

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La Dépêche du midi – 26 septembre 2014 : « Découverte de Salles-la-Source au temps des moulins »
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