La cascade de Salles-la-Source, un « monument naturel » à protéger
Le thème des Journées du Patrimoine 2014 est : « Patrimoine culturel, patrimoine naturel », un titre particulièrement choisi et adapté pour mettre en avant le site de Salles-la-Source, fruit croisé d’un site paysager et hydrogéologique exceptionnel et d’un bâti très ancien fait de châteaux et d’églises, de caves et de belles maison anciennes, site riche également d’un passé très ancien de vieux moulins qui jadis s’étageaient tout au long d’une dérivation du Créneau, de haut en bas du village (Voir le programme des visites et animations).
Ce site est gravement menacé par un nouveau projet de microcentrale électrique, actuellement dans les mains du Ministère de l’environnement, contre lequel se bat avec persévérance et conviction « Ranimons la cascade ! depuis juin 2010.
Ségolène Royal, ministre en charge du dossier, lors sa conférence de presse de rentrée jeudi 4 septembre s’est pourtant félicitée de l’ouverture des « monuments de la nature » au public lors des prochaines journées du patrimoine, les 20 et 21 septembre prochains. Un geste qui s’inscrit dans une « action de reconquête des paysages et des jardins, à l’occasion des vingt ans de la loi Paysage »...
Un très beau texte de présentation, publié sur le site de la Direction Régionale des Arts et de la Culture de Midi-Pyrénées (DRAC) semble écrit tout exprès pour Salles-la-Source :
« Associer dans un même intitulé patrimoine culturel et patrimoine naturel, c’est évoquer les liens qui unissent définitivement le patrimoine sous toutes ses formes à l’environnement minéral, végétal, urbain, littoral ou champêtre – qui le côtoie, l’abrite ou le sublime. Les deux notions sont étroitement imbriquées. C’est également reconnaître une définition plus large de la notion stricto sensu d’objet patrimonial en l’ouvrant à celle de site ou de paysage. »
À la fois espace naturel et espace habité, territoire construit et (ré)interprété, le paysage est le carrefour où se croisent les données naturelles d’un site ou d’une région et les aménagements des communautés humaines liées au développement des activités économiques et des relations sociales entre leurs citoyens.
L’adaptation des hommes aux atouts comme aux contraintes d’un paysage naturel montrent l’imbrication étroite entre ces deux notions de patrimoine naturel et de patrimoine culturel. Le patrimoine bâti que l’on entretient et que l’on visite s’est souvent construit sur ou avec les éléments naturels qui ont présidé au choix de son emplacement, des matériaux ou des gestes qui l’ont façonné. »
Tandis que la loi cadre sur la biodiversité était adoptée en 2013, celle sur la protection du patrimoine sera présentée cette année au Parlement afin notamment de relever le défi de l’aménagement des territoires, en proposant un dispositif législatif actualisé, simplifié et enrichi. C’est dans ce cadre que les relations d’interaction et d’interdépendance qui existent entre patrimoine naturel et patrimoine culturel (matériel et immatériel) doivent être considérées comme un thème d’avenir. »
Ce texte évoque également « la Loi Beauquier – première proposition de loi pour la « protection des sites pittoresques », déjà mentionnée sur ce site Internet. Rappelons qu’en 1899, le propriétaire d’un moulin dans le Doubs, aujourd’hui détruit, prévoyait de capter l’eau et de remplacer la cascade par une conduite forcée. C’est alors que le député Beauquier a décidé de prendre le problème d’une manière plus globale et de s’engager pour la défense et la promotion des sites pittoresques. Voir : « Une cascade du Doubs aux origines de la protection des sites en France ».
Plus loin enfin le texte évoque le terme de monuments naturels évoqué par « Ranimons la cascade ! » dans son dossier de présentation et lors de son interpellation de la commission des sites . Ce terme a été forgé par Alexander von Humboldt vers 1820. On le retrouve également, plus tardivement, dans la Convention de l’UNESCO pour la protection du patrimoine mondial culturel et naturel (1972). La 31 édition des Journées européennes du patrimoine souhaite s’inscrire dans cet héritage pour faire mieux connaître et reconnaître la valeur esthétique, sociale et symbolique de certaines formations naturelles.
C’est dans cet esprit que « Ranimons la cascade ! » s’est associé à la Municipalité de Salles-la-Source et au Musée du Rouergue pour mettre en valeur le site et les anciens moulins de Salles-la-Source.
[…] L’association « Ranimons le Cascade ! » s’est en effet jointe à la municipalité et au musée départemental du Rouergue pour organiser sur le village de Salles-la-Source de nombreuses animations dans le cadre des journée du patrimoine en lien avec le thème national : « patrimoine naturel et culturel » (Voir la présentation du thème sur ce site) . […]
Ancien pensionnaire de l’école Saint-Joseph, je garde le souvenir du pittoresque village de Salles-la-Source où la cascade fonctionnait au bon vouloir d’une vanne actionnée depuis le jardin des sœurs par Monsieur VIARGUES.
Il arrivait parfois en période de fortes pluies au printemps que la cascade rende gorge, mais le plus remarquable demeurait quand l’hiver givrait la cascade et figeait partiellement la chute des eaux en stalactites glacées.
Alors restituer la cascade dans son paysage, au regard des habitants de cette commune et des gens de passage qui en sont cruellement privés est projet juste légitime qui appelle le soutien et la sympathie du plus grand nombre.
Il me tarde de pouvoir découvrir à nouveau cette curiosité géographique dans son contexte naturel. Merci à ranimons la cascade pour l’énergie déployée autour de ce projet.