Impacts du projet de developpement de la centrale electrique sur la vie du Creneau
Lors de l’enquête publique réalisée à salles-la-Source en juin-juillet 2010, par rapport à la demande d’autorisation d’exploiter de la microcentrale électrique, la SHVSS (Société Hydroélectrique de la Vallée de Salles la Source), la Fédération de Pêche et de Protection du Milieu aquatique de l’Aveyron, par la voix de son président J. Couderc, avait énoncé plusieurs remarques techniques concernant le dossier qui n’ont, pas plus que celles des autres participants, été prises en compte par le commissaire enquêteur, M. André Malet. l’intégrale du document est consultable auprès de la Fédération de pêche. Nous mettons à disposition de nos lecteurs, sous forme résumée, ces éléments qui éclairent un aspect particulier du dossier :
1) Remarques générales :
– Ce document daté de mars 2008 fait état du SDAGE 2010 – 2015 approuvé le 01/12/2009. Nous ne pouvons qu’approuver la prise en compte d’un tel document de planification de la gestion de l’eau. Cependant, il apparaît que l’état d’avancement et la finalisation de certains documents de cadrage à l’échelon départemental n’ont pas été pris en compte. Le bureau d’études n’a pas consulté la synthèse départementale, approuvée en 2008, ni le PDPG (Plan Départemental pour la Protection du milieu aquatique et la Gestion des ressources piscicoles)
– Le bureau d’études indique que la Fédération n’a pas répondu à l’enquête halieutique. Nous ne pouvons pas connaître la fréquentation réelle par les pêcheurs sur plus de 8600 kilomètres de cours d’eau dans le département (cette problématique est à voir avec les associations locales). L’une de nos principales missions est la connaissance et la gestion des milieux aquatiques dont les documents cadres, cités ci-dessus, en sont l’expression.
– Le point de vue de la Fédération vise l’intérêt général, sans omettre les objectifs en matière de production énergétique, et notre connaissance du réseau hydrographique permet d’avoir une vision globale des problèmes, de prendre en compte notamment le cumul des perturbations dont l’hydroélectricité constitue une problématique importante sur certains cours d’eau.
– Il nous paraît bon de rappeler que notre association est indépendante, contrairement aux bureaux d’étude, face à ce type d’activité.
Il est donc primordial d’instaurer un débit de base en aval de l’usine permettant de limiter ces perturbations. A ce titre, nous adhérons totalement à la proposition qui est faite par le pétitionnaire en conclusion de l’étude complémentaire sur les éclusées : « l’idéal serait, à titre complémentaire, de laisser tourner le petit groupe G3 en permanence, à un régime tel qu’il permette d’obtenir 400 à 450 l/s de débit plancher du 1er mars au 30 avril » .
Le dossier met en évidence un seuil critique, pour les bas débits, en aval de l’usine voisin de 160 l/s quel que soit l’espèce ou le stade considéré. Or, nous n’avons aucune assurance que ce seuil sera maintenu sur ce secteur avec les débits réservés fixés sur le ruisseau des Cascades. En effet, il est fait mention d’un débit sur le ruisseau de Faby inférieur à 100 l/s au mois de novembre par exemple.
Le débit du Créneau en aval de l’usine est dépendant des débits provenant du ruisseau des Cascades et du ruisseau de Faby. Il est indispensable de définir un débit réservé sur le Créneau en aval de cette usine. Le débit réservé fixé sur le ruisseau des Cascades et le débit sur le ruisseau de Faby doivent assurer en permanence un débit supérieur au seuil critique défini ci-dessus. Il nous paraît nécessaire d’engager une étude hydrologique sur le ruisseau de Faby afin de vérifier la pertinence du débit réservé et la modulation proposés sur le ruisseau des Cascades.
Le Fabby, avant la confluence avec le Créneau (2)
2) Remarques sur les aspects techniques et l’analyse des données.
La validité des données hydrologiques, qui servent de base aux différentes analyses et en particulier à l’étude des microhabitats, est très discutable :
– Station de référence (ru des Douzes) : taille du bassin versant mal connue et débits officiels de la Banque Hydro (pas forcément validés) ne prenant pas en compte les prélèvements pour la production d’eau potable à la source.
– Hydrologie du ruisseau du Faby non étudiée et les estimations mentionnées dans l’étude complémentaire sur les éclusées ne sont pas explicitées.
– Corrélations établies avec la station de référence (ru des Douzes) à partir d’un nombre de campagnes de jaugeage très faible…
Si nous insistons sur ces points c’est que la pertinence de l’étude des microhabitats (choix du débit réservé et impacts des éclusées) repose sur une estimation fiable des débits, et en particulier du débit dit médian (Q50).
Les investigations menées sur le milieu physique (étude des microhabitats et impacts des éclusées) sont intéressantes mais plusieurs points doivent être soulignés :
Sur le ruisseau des Cascades :
le choix d’un débit réservé fixé à 40 l/s du 1er novembre au 30 avril –nous-semble faible. Cette valeur est très proche du seuil de risque (point d’inflexion à 35 l/s) A ce débit de 35 l/s, la perte par rapport au potentiel d’accueil maximal est élevée car voisine de 46%. Il nous paraît important d’avoir une marge de sécurité surtout si l’on tient compte de la forte incertitude sur les estimations des débits utilisées pour le modèle ;
Sur le Créneau en aval de l’usine :
– Il est clairement démontré que le fonctionnement actuel de l’usine, par éclusées, a des impacts négatifs sur la faune piscicole : « La modélisation des microhabitats par ESTIMHAB de la station la plus radicalement soumise aux effets des éclusées donne des résultats indiquant que l’exploitation actuelle poserait problème. En effet, les courbes obtenues d’évolution des capacités d’accueil théoriques montrent que les débits maxïma d’éclusée seraient pénalisants quels que soit l’espèce et le stade visé, mais tout particulièrement pour les jeunes truites et les vairons. »
– Ces éclusées sont d’autant plus impactantes que la densité des frayères est faible (faible production de juvéniles) : « une telle abondance fait de la densité en frayères un paramètre limitant pour un développement optimal d’une population de truites »
– Il est envisagé dans ce dossier une augmentation du débit maximum dérivable (passage de 990 à 1500 litres par seconde) soit une augmentation des éclusées.
– Les alevins de Truite sont très sensibles aux variations brutales de débit lors de l’émergence, soit en mars – avril.
Confluence du Créneau (à gauche) et du Fabby (à droite) au niveau de la centrale électrique (3)
Le Créneau, après la jonction avec le Fabby (4)
Laisser un commentaire