Acte 2 – 22 juin 2018 : une réunion publique par défaut, pour pallier au manque de la municipalité

(Suite de notre saga en 3 actes sur le projet d’extension de la carrière de Puech Hiver)

Faute de réunion publique initiée par la mairie sur le projet d’extension de la carrière, celle-ci fut organisée le vendredi 22 juin à la salle des fêtes de Souyri par l’association Avenir Causse Comtal avec l’appui des associations « Comité Causse Comtal » et « Ranimons la cascade ! »

En introduction, Philippe Bertolotti, d’Avenir Causse Comtal, rappela que l’objectif de cette association était de valoriser le Causse Comtal et d’en faire un outil de développement économique. Il regretta l’absence de débat public voulue par le Maire sur cette « question sensible », d’où cette réunion destinée à pallier à ce manque.

Le séneçon de Rodez, espèce bénéficiant d’une protection nationale, pousse jusqu’à l’orée du petit bois de pins concerné par l’extension de la carrière…

Puis Daniel Mazel, pour l’association Comité Causse Comtal, attentive à ce dossier depuis 1996, en fit l’historique. Il rappela la première carrière Lavergne, de l’autre côté de la route, en 1984 (sur 5 ha) l’avis négatif donné en 1998 au premier projet d’extension de 1998 puis positif en 2000, suite à une nouvelle enquête publique, moyennant un cahier des charges plus exigeant, néanmoins bien peu respecté. Le projet actuel serait une nouvelle extension portant la surface exploitée à 50 ha.

Une présentation très pédagogique des différents enjeux fut ensuite réalisée par Bernard Benoit de Coignac, à l’aide de plans et de diapositives :

– risques pour la faune et la flore (notamment le séneçon de Rodez, espèce qui n’existe plus que dans deux endroits en France dont au voisinage de la carrière)
– risques hydrogéologiques : galerie principale de la rivière souterraine alimentant la cascade passant juste en dessous de la carrière et de son projet d’extension
– zone au cœur de trésors archéologiques (« une des plus riches zones d’Occitanie ») : anciens temple et amphithéâtre romain, nombreux tumulus et dolmens dans une commune extrêmement riche dans ce domaine (90 dolmens recensés et le double de tumulus sur la commune, notamment sur le causse Comtal)…

Il présenta à l’aide de simulations les conséquences pour le paysage et les retombées importantes pour Onet-l’Eglise qui sera fortement impacté.

Pierre Pradié présenta les enjeux juridiques de la décision de la déclassification d’une partie du PLU de zone agricole en « zone exploitable en carrière »
L’avis favorable voté par la commune de Salles-la-source sera pris en compte par les élus de la communauté de communes pour autoriser son président à modifier le PLU.
La voie choisie par les élus de proclamer l’extension de la carrière comme « d’intérêt général » permet une procédure simplifiée.

Elle demandera néanmoins divers avis (autorisation de destruction d’espèces protégées…) qui ne sont pas nécessairement acquises.

Jean-Marie Lacombe, de la pisciculture de Gourjan, présenta les intérêts économiques du point de vue de son entreprise qui constate depuis quelques années à une forte dégradation des eaux du Créneau, en dépit de la fin du turbinage : eaux blanchâtres et dégradées, rivière colmatée…

Eric Fenayrou, observateur attentif des sites de pêche sur le Créneau évoqua les dépôts nombreux, probablement liés à la carrière, en dépit de la reprise d’oxygénation de l’eau qui sauve la truite.

Au cœur d’une très riche zone de vestiges archéologiques (en beige, le projet d’extension)

Bernard Gauvain, pour « Ranimons la cascade ! » précisa que « nos deux premières sources d’inquiétude, à l’origine de notre prise de position, sont la fragilité du causse (risque d’effondrement au niveau des galeries souterraines) et les risques pour le Créneau de turbidité et de pollution.

En effet, nous avons peu à peu pris conscience au cours de notre combat qu’on ne pouvait séparer notre engagement pour la cascade de l’ensemble du Causse Comtal et des rivières et cascades, aériennes et souterraines, qui forment un ensemble indissociable à sauvegarder. Les récentes expériences de colorimétrie ont d’ailleurs permis à chacun de mieux se rendre compte de cette unité et de la porosité du causse ainsi que de la vitesse très rapide à laquelle toute pollution peut se retrouver dans la rivière souterraine donnant naissance au Créneau.

A la demande de la SOCARO, l’association « Ranimons la cascade ! » a rencontré les responsables de l’entreprise cette société au printemps 2017, dans un esprit de dialogue et non de cautionnement de ce projet. Un hydrogéologue, proclamé spécialiste, a tenté de mettre à bas nos peurs en s’appuyant sur de longues et complexes études. Nous en avons par suite demandé copie à la SOCARO pour les soumettre à un hydrogéologue indépendant, ce qui nous a été refusé.

Par suite la SOCARO nous a demandé de participer à un « comité de suivi » qu’elle voulait mettre en place (avec 15 ans de retard..). Nous avons décliné l’offre au motif que nous n’avions pas pour mission de suivre bénévolement les projets industriels de la commune. Il est donc totalement mensonger d’affirmer aux élus, comme on nous l’a rapporté, que « Ranimons la cascade ! » est « partenaire de la SOCARO ».

L’association « Ranimons la cascade ! » a toujours mené de front le combat technique, pédagogique et médiatique afin de constituer une opinion publique bien informée, et le combat juridique qui sera également nécessaire. »

Pour finir, Bernard Gauvain s’est indigné de la manière scandaleuse et antidémocratique dont le maire a refusé le débat public sur cette question qui engage l’avenir de la commune pour longtemps.

Des risques certains de turbidité et de pollution de l’eau des sources et cascades de Salles

Olivia Maillebuau, première adjointe de Salles-la-Source posa la question : « qu’est-ce qu’on a envie de laisser à nos enfants ? Si même la remise en état avait lieu, avec quel type de remblais ou quels matériaux ? »

Des participants et riverains nombreux évoquèrent les risques pour la sécurité, les nuisances en termes de bruit et poussière qu’ils endurent depuis près de 20 ans.

Quelle cohérence, fut-il demandé, avec la délibération du Conseil municipal de 2014 concernant l’implantation possible de 50 éoliennes sur la commune ? A l’époque, le même conseil municipal avait évoqué le « développement d’un tourisme de qualité autour d’un patrimoine préservé ».

Une participante explique que l’autre voie qui aurait été de déclasser un terrain agricole aurait été longue et complexe. « Déclarer (au nom de quoi ?) cette extension « d’intérêt général « , c’est faciliter grandement le travail de la SOCARO ».

Un habitant rappela la charte paysagère signée par la commune et semble-t-il déjà oubliée.

A noter l’absence remarquée du maire de Salles-la-Source et la seule présence de trois élus de la communauté de communes sur 32, venus s’informer…

Au vu de cette levée générale de boucliers, il est vrai que les élus favorables au projet se seraient sentis particulièrement coupés de ceux qui leur avaient fait confiance…

Une assistance attentive venue pour comprendre

La presse en parle :

Dépêche du Midi – 19 juin 2018 :

Compte-rendu dans Centre-Presse :

 

5 Responses to Acte 2 – 22 juin 2018 : une réunion publique par défaut, pour pallier au manque de la municipalité

  1. Nolo dit :

    Ce n’est pas possible de laisser faire ça !

  2. Ergé dit :

    La rivière souterraine passe au-dessous du site de la SOCARO.
    Sur la rivière est implanté le barrage de i’usine de la Crouzie.
    Le barrage retient les eaux amenées par la rivière, ce qui forme une retenue.
    Le plan d’eau de la retenue lorsque la rivière est en forte crue (8 à 10 m3/s) constitue l’emprise foncière de la retenue qui peut s’étendre très en amont.
    Cette emprise appartient au domaine public hydroélectrique de l’Etat, à ce jour non encore déclassé; elle est située dans le tréfonds.
    Le propriétaire du tréfonds est propriétaire du fonds.
    Si l’emprise de la retenue est située sous le site de la SOCARO, elle appartient au domaine public hydroélectrique. Mais personne ne peut donner la consistance de l’emprise; elle est inconnue, car non définie par le plan de bornage qu’aurait dû établir la SHVSS afin de régulariser la situation administrative de la concession.

    • Excellent commentaire qui fait établit un lien juridique entre le dossier de l’usine hydroélectrique et celui de la carrière située à la vertical au dessus du lac de barrage souterrain illégal. Le refus de répondre de la préfète Catherine de la Robertie à nos questions (de même qu’elle la refusé de recevoir les représentants de notre association…) va peut-être prochainement se révéler lourd de conséquences…
      L’affaire Benalla nous apprend aujourd’hui que mépriser certaines questions gênantes peut se révéler à terme lourd de conséquences.
      #stopauxmensongesdetat

  3. Désillusionné dit :

    Le problème, c’est que vous pourrez donner tous les arguments que vous voudrez au commissaire-enquêteur. A moins de tomber sur un oiseau rare (et même rarissime), sa mission sera pliée d’avance. En faveur des puissants, bien sûr, de ceux qui le paient et ne lui confieraient plus de mission s’il ne se montrait pas obéissant.

    • Il est vrai qu’il semble bien que les avis favorables soient bien plus fréquents que les avis défavorables (mais on ne trouve pas à notre connaissance de statistiques en ligne…).
      Il appartient néanmoins au commissaire-enquêteur de répondre de manière MOTIVEE aux objections du public sil ne veut pas que sa décision soit attaquée au Tribunal Administratif. Il semble bien qu’il y ait là, sur ce point très précis, des faits auxquels la SOCARO et le futur commissaire devront obligatoirement répondre, sauf à vouloir repartir pour un nouveau FIASCO…

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