JEAN MILESI DENONCE L’OPACITE DU DOSSIER ET LE SACCAGE DU SITE

 Le 27 octobre 2011, la préfète de l’Aveyron, Danièle Montmasson, était reçu dans l’hémicycle du Conseil Général pour la présentation de son bilan annuel des services de l’Etat. Elle a été interpelée publiquement par Jean Milesi,  conseiller général de  Camarès et vice-président du Conseil Général de l’Aveyron sur deux questions dont celle de l’avenir du site de  Salles-la-Source. Voici la teneur de son intervention sur ce sujet :

Jean Milési : « Au moment d’initier mon intervention, je ressens comme un scrupule. D’abord, parce que vous avez bien voulu nous inviter à déjeuner, tout à l’heure, ce qui fait que j’aurais » envie de vous dire, comme le consul Bibulus à César : « alio die » – remettons à un autre jour les sujets qui fâchent. Ensuite, parte que vous allez nous quitter bientôt, et que, pendant votre séjour parmi nous, vous avez su nous montrer, malgré la difficulté de la tâche, un visage aimable de l’Etat. Je me demande, d’ailleurs, si la féminisation de la fonction préfectorale ne contribue pas à nous faire avaler plus facilement la pilule.

Car pilule il y a, madame la Préfète…  (le premier sujet abordé parle des nombreuses fermetures de classes et la baisse du nombre d’enseignants notamment en zone rurale alors que la démographie scolaire augmente)

…Je voudrais aborder un autre sujet, dont vous avez eu à connaître celte année : celui de Salles-la-Source. Ou plutôt, celui de Salles, privé de sa source. J’ai deux raisons d’intervenir sur ce sujet : d’abord, la demande de l’association « Ranimons la cascade ». qui m’a donné l’essentiel des informations nécessaires ; ensuite, la conviction que j’ai acquise, que les cascades de Salles-la-Source, et leurs vicissitudes, méritaient amplement l’attention de tous les élus aveyronnais.
Ce qui me frappe, dans ce dossier, c’est d’abord son opacité. Comment se fait-il, en effet, que l’application des lois patrimoniales sur la ressource aquatique n’y soit pas plus évidente ? Et, en particulier, celle sur le débit réservé, qui devrait permettre à la cascade un écoulement permanent ? J’ai parlé, plus haut, des cascades : ce n’est pas un lapsus, mais un rappel historique. En effet, Salles-la-Source possédait plusieurs ruisseaux, donc plusieurs cascades, comme en témoignent les cartes postales de l’époque. Certains de ces ruisseaux faisaient tourner des moulins, lesquels bénéficiaient d’un droit d’usage de l’eau, non de confiscation. Ce droit s’exerçait sur le lieu même d’implantation des moulins, qui restituaient l’eau sur place, excluant tout déplacement et tout regroupement de ces droits en un seul point d’un même ruisseau. Au fil du temps, les moulins ont disparu. Et des travaux de canalisation ont dérivé les divers ruisseaux de manière à former un cours d’eau unique, au profit d’une nouvelle installation : la micro-centrale. Les travaux nécessaires à ces amenées d’eau se sont déroulés sur un site naturellement fragile, que les infiltrations subséquentes aux travaux ont contribué à fragmenter plus encore. A telle enseigne qu’on est bien forcé de se demander s’il n’existe pas un rapport direct entre ces déviations artificielles, et les éboulements très importants d’une falaise désormais souterrainement fracturée, qui se sont produits récemment à proximité du village, et dont le renouvellement ne peut être exclu, surtout en cas de nouveaux travaux.

Pour ma part, j’estime que, dans ce dossier, incombe à l’Etat une triple tâche : d’abord, vérifier les droits d’usage de l’eau, et la régularité de leur acquisition par l’usager unique actuel : ensuite, sécuriser la falaise, et l’ensemble du périmètre du village, en prenant toutes les mesures conservatoires qui s’imposent : enfin, établir un relevé complet de l’hydrographie actuelle et ancienne des sources et des cours d’eau, seul moyen de déterminer les débits globaux, et par conséquent, ce qui revient à la micro-centrale, si ses droits sont avérés, et ce qui revient au débit réservé de la cascade, unique survivante de ce saccage écologique et patrimonial, qui doit couler en tout temps et en toute saison. De telles mesures s’inscrivent dans l’esprit de la loi, et dans le souci du Conseil Général de pratiquer un développement durable, préservant l’intérêt de la production énergétique sans sacrifier pour autant le patrimoine naturel qui est une des richesses spécifiques de notre département. »

Rodez, le 27 octobre 2011
 

4 Responses to JEAN MILESI DENONCE L’OPACITE DU DOSSIER ET LE SACCAGE DU SITE

  1. Sylvestre dit :

    L’Administration mettra-t-elle aussi les conseillers généraux de l’Aveyron dans le sac des dangereux activistes incontrôlés où elle semble vouloir fourrer tous ceux qui osent dénoncer le scandale de la cascade de Salles-la-Source ?

  2. […] un soutien qui dépassent largement les limites de la commune et du canton. J’en veux pour preuve l’intervention de mon collègue qui reprend des arguments que vous connaissez bien et les nombreux soutiens à l’échelle locale […]

  3. […] rencontre annuelle du préfet avec le Conseil Général pour le bilan des services de l’Etat, comme il l’avait déjà fait l’an dernier avec Madame Polvé-Montmasson. Il lu ia redit son opposition au projet. Cette intervention […]

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