UN DES PLUS MERVEILLEUX SITES DE FRANCE

« Salles-la-Source, un des plus merveilleux sites de France » : cette citation du célèbre géographe Elisée Reclus du XIXème siècle est bien connue des habitants de ce magnifique village. Un panneau mentionnant cette citation a longtemps été placardé à l’entrée du village.

La revue nationale « L’Univers Illustré » du 14-21 août 1910 citait cette phrase et consacrait dans ses colonnes, une double page au département de l’Aveyron, « région trop peu connue où ceux qui sont venus une fois, aiment à revenir ».  L’Aveyron avec « ses sites pittoresques, ses paysages riants, ses gorges sauvages, ses belles cascades, et ses gorges fantastiques, ses plateaux verdoyants et fertiles vallées… »

La célèbre exclamation d’Elisée Reclus citée en 1910 dans l’univers Illustré

 

L’article énumère les découvertes de celui qui arrive de Paris » en une dizaine d’heures » par la train d’Orléans à Toulouse, avec un changement à Capdenac, « la porte de l’Aveyron ». Le visiteur découvre alors le bassin de Decazeville, Marcillac et « Salles-la-Source, un des sites les plus merveilleux de France, dit Elisée Reclus »  puis « dressée sur la colline, Rodez, dominé par la masse imposante de sa vieille cathédrale gothique ».

« Les excursions les plus intéressantes autour de Rodez sont celles de Salles-la-Source et  Conques, de Bozouls, du viaduc de Tanus, des montagnes et des gorges du Tarn »

La suite de l’article décrit le village en 1910, lorsque la résurgence « s’écoule de la falaise en flots impétueux et se divise en deux bras qui se réunissent au fond de la vallée »

« Salles-la-Source est composé de trois agglomérations sont le Bourg, Salles et Saint-Laurent qui du fond du val escalade les gradins du cirque. En bas le Bourg, avec sa vieille église Saint-Paul et son château flanqué de tourelles.

En haut, sur un plateau de tuf, Salles, avec sa grotte pétrifiante, taillée en arc très ouvert, du fronton de laquelle saute une belle cascade tandis que des perles brillantes perlent dans un tissu de mousses et tombent goutte à goutte à l’entrée de la grotte.

Le cirque est fermé au nord par un rempart circulaire de falaises, d’où s’échappent impétueusement par une fente de rochers, un ruisseau qu’alimentent vraisemblablement les eaux souterraines du Tindoul de la Vayssière. Il se divise en deux bras qui, actionnant sur leurs parcours moulins et usines, se réunissent au fond de la vallée et vont grossir le  Fabby, pour former le  Créneau, après s’être précipités en plusieurs cascades dont l’une tombe par une chute de plus de 20 mètres devant la grotte de Salles.

A l’ouest, Salles se prolonge  par Saint-Laurent avec sa vieille tour du château de la Calmontie, son antique église, ses ruines du château d’Armagnac, et renommé par la qualité de ses vins. »

Lire la page originale sur Gallica ; consulter la revue entière

Le frère d’Elysée  reclus, Onésime Reclus, géographe également, a aussi beaucoup écrit et a consacré de belles pages à Salles-la-Source :

Dans l’ouvrage « la terre à vol d’oiseau » (1886) où il décrit les principales curiosité de la planète, un paragraphe est consacré aux causses du sud de la France :  « Les causses du Rouergue, près de Rodez ont leur merveille, le cirque de Salles-la-Source et ses ruisselantes cascatelles ».

Lire la page sur Gallica

Onésime reclus décrit plus longuement salles-la-source dans un autre ouvrage : « Le plus beau royaume sous le ciel » (1899) où parle de l’apparition « magique » de l’eau qui surgit du Causse (il n’y avait pas encore le barrage souterrain ni l’usine électrique…) :

Ailleurs, il consacre une double page à ce village dont il parle en des termes flatteurs et -pourrait-on dire- déjà « écologistes » :
« Un des plus merveilleux bassins de la France est englouti dans le Causse du Rodez. C’est le Cirque de Salles-la-Source, où bondit le Craynaux. qui serait un cristal transparent si l’homme le laissait à ses libres allures, mais à peine a-t-il jailli, bouillonnant et clair, à des fentes de rochers, qu’on l’enlève à son destin naturel de ruisseler dans la prairie; le manufacturier l’usurpe, il le mène à des usines accrochées au versant du mont, du premier ressaut dont il aimerait à diaprer les gazons, jusqu’au fond de la vallée, dans l’espèce de gouffre d’où l’on voit comme dans le ciel les poteaux du chemin de fer de Capdenac à Rodez plantés sur l’extrême rebord du Causse.

De ces poteaux que la locomotive partie des bords du Lot n’atteint qu’en s’époumonant, on admire l’entonnoir du Craynaux, Salles, ses trois villages, la raideur de ses roches et ses cascades que l’industriel n’a pas enfouies dans l’obscurité des usines. Au bas de cet échafaudage de moulins et de manufactures, le Craynaux a perdu sa transparence comme tant de rus lucidissimes dont l’homme a fait des convoyeurs d’immondices; parmi les cataractes qui lui restent, il en est de charmantes, une surtout qui sauta du fronton d’une caverne, tandis que des perles brillantes filtrent dans un tissu de mousse et tombent goutte à goutte à l’entrée de la grotte.

D’où viennent ces eaux, superbes à Salles d’en haut, laides à Salles d’en bas, ce Craynaux qu’attiré le Dourdou, et au bout du Dourdou le Lot ? C’est du Causse effroyablement altéré, prodigieusement sec et vibrant de soleil, qu’elles descendent sous roche, dans l’ombre humide, par mille et une aspirations de goules et succions de fissures; puisque, devenues riviérettes sous la table du Comtal, elles s’en vont, par lacs, gours, courante, cascades, en grands couloirs, en corridors surbaissés, de siphon en siphon, jusqu’aux fontaines de Salles la-Source tout au long de l’obscurité brusquement interrompue par le puits de lueur du Tindoul.

La riviérette ne coule pas dans le Tindoul même ; du fin fond du puits naturel on y arrive par une galerie sèche, puis on la remonte l’espace de 500 à 600 mètres jusqu’à un grand dormant enroché de tous côtés, gour rempli en dessous par siphonement. Ailleurs, assez loin, l’on retrouve aussi le Styx du Rouergne, le Craynaux des ténèbres : sur le plateau de tuf de Salles-la-source, dont l’autre nom, Salles-Comtaux, rappelle justement celui de Comtal, au pied d’un roc en falaise de 100 mètres d’élévation, à côté même des grandes fontaines, brillante origine du Craynaux extérieur, on entre dans la masse du Causse par une lucarne de grotte et de là un couloir sec, ancien lit du torrent cryptique, mène aux eaux intra-caussenardes, infra-caussatières : on les suit à contre-courant pendant 350 mètres, jusqu’à un lac charmant, onde diaphane qui s’arrête à une draperie de rochers ; de ce gour extrême au plancher du Tindoul, il y a plus ou moins une petite lieue d’inconnu.

Jadis on n’osait descendre dans l’aven de la Veyssière, à peine si l’on osait le contempler du haut de sa défaillance à pic ; mais aujourd’hui 103 marches d’un escalier de fer mènent aisément sur le talus de débris qui comble presque de pierres, terres et sable les dernières profondeurs de l’abîme; on passe ainsi du royaume de la lumière au royaume de l’ombre, de la plaine où la route d’AurilIac à Rodez fuit du nord au sud sous l’aveuglant soleil à l’avenue noire sur laquelle pèsent 150 à 200 pieds d’épaisseur de Causse. »

 Lire ces pages dans  Gallica : (pages 166, 167 et 173)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Consulter le livre (pages 166, 167 et 173)

One Response to UN DES PLUS MERVEILLEUX SITES DE FRANCE

  1. […] d’un fameux texte d’Onésime Reclus sur le site et la cascade de Salles-la-Source qu’était tirée la dictée du certificat […]

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