Remise de la « Pantoufle d’or » à Catherine Sarlandie de la Robertie, préfète de l’Aveyron pour sa parfaite inaction dans le dossier de la cascade

Ce 22 juin 2019, devant la préfecture de Rodez, les défenseurs de la cascade de Salles-la-Source se sont une nouvelle fois mobilisés, exaspérés de l’inaction de la préfète dans le dossier de la micro-centrale illégale et de son refus de recevoir les représentants de « Ranimons la cascade ! » depuis 18 mois de présence en Aveyron.

Après déambulation en fanfare sur les marchés, ils ont organisé en grande pompe la remis du prix après que « Me Capello », huissier de Justice, alias Hervé Pascoet, trésorier de l’association, ait sorti d’une enveloppe le nom de la nominée.

C’est Yves Garric, vice-président de « Ranimons la cascade ! », qui a prononcé le discours saluant le parcours et les mérites de la préfète distinguée car il en faut du mérite pour ne rien faire quand il y a tant à faire ! (voir ci-dessous).

Puis Bernard Gauvain, président, a resitué le contexte de cette action et exprimé la colère et l’exaspération des amoureux de la cascade qui voient ce dossier à nouveau bloqué. Il a fustigé les faux prétextes utilisés par la préfète pour ne rien faire et ne rien dire. Il a annoncé de nouvelles actions publiques si les portes de la Préfecture ne s’ouvraient pas après cette demande solennelle.

A leur tour Olivia Maillebuau, première adjointe et Louis Droc, deuxième adjoint, accompagnés de Marie-Thérèse Deloustal, conseillère Municipale, ont livré la position (et de découragement) de la municipalité devant le manque de soutien de l’Etat dans ce dossier qui demande temps et énergie. Ils ont également lu la déclaration du maire, Jean-Louis Alibert, écrite à cette occasion.

D’autres élus invités ne se sont pas manifestés…

Des participants dont Gilbert Espinasse, adhérent, et une représentante de Gilets Jaunes de Rodez ont ensuite exprimé leur soutien avant que ne soit entonné l’hymne de la cascade de Salles-la-Source : « Pourtant, que la cascade est belle ! »

Discours saluant les mérites et l’excellence de Madame la Préfète de l’Aveyron, Catherine Sarlandie de la Robertie, préfète de l’Aveyron lui valant la remise de la « Pantoufle d’or » de « Ranimons la cascade ! »

L’INEFFICACITÉ RÉCOMPENSÉE

« C’est donc à l’unanimité de son jury, Mme la préfète, que « Ranimons la cascade ! » vous décerne cette « pantoufle d’or ». Vous pouvez en être légitimement fière : c’est un jury de fins connaisseurs qui vous a distinguée. Les membres de « Ranimons la cascade ! » peuvent en effet se targuer d’une observation aux toutes premières loges, durant neuf années, de certains comportements administratifs.

Votre exploit – celui qui vous vaut ce prix tant convoité de la « pantoufle d’or » – aura été d’ignorer avec superbe le dossier chaud de Salles-la-Source ; en dépit même d’un rapport interministériel particulièrement éloquent dont les conclusions mêmes eussent dû vous tenir en alerte. Votre mérite est grand d’avoir cassé le dialogue que nous avions enfin réussi à instaurer avec vos deux prédécesseurs, les préfets Combes et Laugier.

Quelle belle intuition de la gestion démocratique, quel sens profond de la concertation citoyenne il vous a fallu pour systématiquement opposer votre silence à nos multiples demandes de rendez-vous ! Mieux : alors même que vous omettiez de répondre à nos lettres, quel formidable courage aura été le vôtre que de prendre le temps de nous menacer des pires sanctions financières pour quelques malheureux panneaux d’expression citoyenne que nous avions eu le front d’apposer en bordure de route.

Et de quel sens aigu de l’argutie vous avez su user en vous retranchant, pour justifier votre silence, derrière le fait que des procès sont en cours. Comme si tout le dossier se résumait à ses prolongements judiciaires. Comme si des anomalies – pour user d’un euphémisme – qui n’ont strictement rien à voir (du moins pour le moment) avec la Justice ne méritaient pas réponses, éclaircissements et recherche de solutions par le dialogue. Tout un volet que notre président ne manquera pas d’aborder, même si c’est succinctement, dans un instant.

Oui, Madame la préfète, pour ces deux années de totale inertie, de performante inefficacité que vous avez su offrir à l’attente des défenseurs du site de Salles-la-Source, vous l’avez largement méritée, cette belle « pantoufle d’or ». Nous l’avons voulue assez ample pour que vous vous y sentiez sur un grand pied. Pour que vous y ayez les orteils réjouis à la faveur notamment des coupures de rubans, inaugurations de chrysanthèmes et autres activités assaisonnées à la langue de bois auxquelles vous aurez encore à participer dans vos hautes fonctions de grande servante de l’État.

Sans doute aurions-nous été bien avisés de nous enquérir de votre pointure exacte pour pouvoir vous chausser à vos mesures. À notre décharge, je dirai que nous avons craint que cette précision fasse partie aussi des secrets d’État que vous prétendez jalousement garder. Au même titre que ces documents concernant le lourd et opaque dossier de la microcentrale que nous réclamons vainement depuis des mois et des mois et que vous persistez à nous cacher. Cela même en dépit des injonctions de la CADA (la Commission d’accès aux documents administratifs) qui vient encore de nous donner raison, pour la dixième fois.

En toute simplicité donc, Mme la préfète, acceptez cette pantoufle que vous pourrez toujours aller échanger pour une charentaise qui soit à votre pointure. Nous sommes même prêts, pour peu que cesse votre outrageant mépris à notre égard, et qu’enfin vous preniez la mesure du dossier de Salles-la Source, nous sommes prêts à vous échanger cette pantoufle contre des bottes de sept lieues. Ces bottes de géant seraient le signe de votre volonté de rattraper à marche forcée le précieux temps perdu pour faire cesser l’inadmissible affaire qui empêche la mise en valeur du site exceptionnel de Salles-la-Source. Alors la pantoufle d’or se transformerait en pantoufle magique de Cendrillon et nous vous considèrerions avec tous les égards dus, sinon à une princesse, du moins à une préfète qui fait correctement son boulot. »

Prise de parole du Président de « Ranimons la cascade ! »

« Merci à vous tous qui êtes venus, encore une fois nous soutenir et qui ne vous résignez pas devant l’injustice !

Nous nous sommes exprimés ce matin avec humour, mais tout ceci est très sérieux et grave. Nous nous sommes exprimés sans violence, ni agressivité, mais cela n’empêche ni notre colère, ni notre exaspération.

Voila maintenant 9 ans que nous répétons les mêmes choses, et les avancées que nous avons obtenues à force de ténacité, menacent aujourd’hui de s’écrouler, faute d’une volonté politique d’en finir avec la FRAUDE.

Voila 3 ans qu’une mission d’inspection ministérielle a conclu au « fiasco administratif » de ce dossier et la nécessité d’en finir avec l’exploitant indélicat, Monsieur Guibert. Le préfet Laugier a annoncé publiquement que c’en était fini du fiasco, avant de signer les arrêtés de fermeture définitive de la microcentrale.

Et pourtant… Après de multiples rebondissements, en 2019, l’usine turbine à nouveau et le gérant n’est pas inquiété… Comme depuis 90 ans, l’Histoire bégaye à Salles-la-Source…

Alors Madame la préfète, nous n’allons pas reprendre, à l’occasion de la remise de cette distinction, les 90 ans d’échecs de ce dossier de la plus longue fraude hydroélectrique de France, les turpitudes et rebondissements récents de cette affaire, ni les petites avancées, ni les gros reculs…

Nous voulons aujourd’hui simplement vous dire clairement Non et Oui :

D’abord Non :

Non à l’inertie et à l’attentisme de l’Administration,
Non aux fraudes et aux passe-droits,
Non à l’opacité et aux silences gênés,
Non aux abus de biens sociaux, non au contrat frauduleux signé avec EDF, non aux travaux sans autorisation,
Non aux faux-prétextes de toutes sortes pour ne pas agir,
Non aux préfètes dans leur tour d’ivoire,
Non au fossé entre l’Administration et les citoyens,
Non à la République en Panne,
Non aux « intouchables »,
Non aux deux poids et deux mesures : bienveillance pour l’exploitant-voyou et menaces indignes contre des citoyens qui œuvrent pour le bien commun…

Non à la Bernard-Tapisation de l’économie,
Non à la Patrick-Balkanysation de la politique,
Non à la Alexandre-Benalla-isation des affaires !

Par contre, nous voulons aussi dire Oui,

Oui au dialogue, simplement au dialogue…
Oui à la démocratie,
Oui à la transparence,
Oui à la sécurité des riverains,
Oui à la participation des citoyens aux décisions,
Oui au dynamisme associatif,
Oui à l’État de droit,
Oui au retour des biens de la microcentrale à l’État, comme la loi l’impose,

Et surtout :

Oui à la sauvegarde d’un site exceptionnel !

Madame la préfète, ce dossier est complexe, j’en conviens :

Prenez au moins une fois le temps de venir constater ce qui se passe à Salles-la-Source,
Venez rencontrer les élus locaux,
Venez dialoguer avec notre association si impliquée,
Prenez le temps d’au moins essayer de comprendre ce dossier.
Ne refilez pas, une fois de plus, la« patate chaude » à votre successeur

A l’heure où la privatisation des concessions est en question, Salles-la-Source serait-il en petit le modèle du « fiasco » qui nous attend en grand demain ?

Madame la préfète de l’Aveyron, il y a 15 jours, les vignerons du vallon vous ont intronisée échansonnière de la Saint-Bourrou.

Complémentairement, aujourd’hui, les défenseurs de la cascade de salles-la-Source vous décorent de la Pantoufle d’or pour 18 mois d’inaction devant la fraude et de silence dans le dossier de la cascade de Salles-la-Source!

Nous espérons aujourd’hui que notre message est clair et que vos portes vont enfin s’ouvrir.

Et sinon, Madame la préfète ?

Sinon…

Vous n’avez pas fini d’entendre parler de la cascade de Salles-la-Source ! »

Parole des élus de Salles-la-Source :

Echos dans la presse :

Voir sur le site de France 3 Occitanie

Voir le 19-20 de France 3 Occitanie du 22 juin 2019 (vers 6′ 55″)

Voir dans la presse quotidienne écrite du 23 juin 2019 (ci-dessous dans Centre-Presse) :

4 Responses to Remise de la « Pantoufle d’or » à Catherine Sarlandie de la Robertie, préfète de l’Aveyron pour sa parfaite inaction dans le dossier de la cascade

  1. Ergé dit :

    OUI au fiasco de l’administration locale sous la houlette du préfet.
    OUI aux fraudes de l’exploitant qui ne font pas réagir l’administration.
    OUI au « dossier complexe », mais l’administration locale aurait pu le simplifier si elle s’était conformée aux avis de l’administration centrale qui interdit les regroupements de plusieurs moulins en un seul irréel et dont, en outre, les caractéristiques physiques ne sont pas les mêmes en 1940 et en 1978, selon le fonctionnaire qui l’écrit : ingénieur du Service hydraulique en 1940 et ingénieurs du Service de l’industrie et des mines en 1978.

  2. Ah qu’elle a dû être réjouissante cette manif de la Saint Alban (22 juin)! Je regrette bien de n’avoir pu m’y rendre pour cause d’hospitalisation imminente. Je lis aussi que Yves « RIRDISSI » a donné de son élégante, mais néanmoins percutante plume.

    Rejoignant ma « tanière » de Cassagnes-Goutrens en août, rien ne sera perdu cet été pour vous revoir à telle ou telle conférence ou réjouissance de RANIMONS LA CASCADE !
    Cordialement

  3. Neyraud Alain dit :

    Bonjour,
    Et voilà que nous avons hérité de cette « pantouflarde » dans l’Ain. Espérons qu’elle sera plus efficace que chez vous, mais j’en doute. Je me suis toujours demandé à quoi pouvaient bien encore servir les préfets et leur administration pléthorique, depuis qu’en fait ceux qui dirigent les départements sont les présidents de conseils départementaux. Il leur reste les questions de défense et de santé, et c’est à peu près tout. Et quand on voit le traitement du Covid 19, çà laisse pensif.

    • Les préfet et préfètes disposent d’importants pouvoirs de police. Ils aiment être respectés et avoir une bonne image vis-à-vis du pouvoir, clé de leur évolution professionnelle. Il semble que la devise soit : « pas de bruit, pas de vagues ». Ils entretiennent par ailleurs beaucoup de connivence avec les « puissants ». Donc si vous portez un dossier gênant pour l’Administration et n’êtes pas un gros chef d’entreprise, vous aurez du mal à la rencontrer…

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