Quand le conseil général de l’Aveyron, mené par Amédée Vidal faisait barrage à la construction d’une centrale hydroélectrique

Petit rappel historique de 1919 (extrait d’un document de Marc Parguel paru dans le Millavois, le 1 décembre 2018) : comment Amédée Vidal, conseiller général de Peyreleau, fit obstacle à la création d’une centrale hydroélectrique, au nom d’intérêts supérieurs…

Pour mémoire  : 10 ans plus tard, le même Amédée Vidal, devenu sénateur, construisit sans autorisation une centrale hydroélectrique qui capta l’eau de la cascade de Salles-la-Source. Celle-ci port encore de nos jours son nom : la Société Hydroélectrique de la vallée de Salles-la-Source – Etablissement Amédée Vidal ».

Le conseil Général resta muet face au notable. La malheureuse affaire fit (et fait encore) des remous depuis 9 décennies.

Un projet de détournement des eaux de la Dourbie en 1919

« La Compagnie des Chemins de fer du Midi soucieuse de se développer élabora un projet pour le moins insolite et qui serait devenu désastreux s’il avait vu le jour. Voulant électrifier toutes les lignes de son réseau du Midi, elle fit, en 1919, une demande auprès du ministre des Travaux publics, tendant à l’aménagement des chutes de la Haute-Dourbie pour la création d’une usine hydro-électrique à Aumessas…

Réaliser ce projet impliquait de capter et détourner de son cours naturel la rivière de la Dourbie et de la verser dans un autre bassin. Ceci nous est expliqué dans les colonnes du Journal de l’Aveyron le 2 octobre 1921 : « Le Ministère des Travaux publics serait saisi d’un projet de captation et de détournement de son cours naturel dans le département de l’Aveyron de la rivière « la Dourbie ». Ce cours d’eau qui prend sa source dans le département du Gard au pied de la montagne d’Aulas à 1200 mètres d’altitude, tributaire du Tarn qu’il rencontre à Millau, arrose sur son parcours dans l’Aveyron, les villages de Saint Jean du Bruel, Nant, La Roque Sainte Marguerite. Sa source sur la ligne de partage des eaux entre le bassin de l’Océan et celui de la Méditerranée, est adossée à celle d’un cours d’eau similaire, la rivière de l’Arre, qui prend son origine sur le flanc sud de la même montagne et est tributaire de l’Hérault, après avoir traversé Arre et Le Vigan.

Dans le but d’augmenter le volume de la rivière de l’Arre, en vue de lui donner une force énergique suffisante pour électrifier les lignes de chemin de fer du Midi, le projet à l’étude aurait pour conséquence, en captant et détournant le lit de la Dourbie, de la déverser dans la rivière de l’Arre.

L’Arre est une rivière qui prend sa source dans les Cévennes entre le causse du Larzac et le massif de l’Aigoual.

Elle est formée par la réunion au Pont d’Arre dans le Gard de trois ruisseaux, d’Estelle, d’Arrigas et d’Aumessas. C’est à partir de ce point qu’elle prend son nom. Après un cours de 16 km, elle se jette dans l’Hérault un peu en dessous du hameau de Pont d’Hérault. Elle est considérée par beaucoup comme l’un des meilleurs cours d’eau du département. Avec un débit annuel de 5,5m3/s, c’est le troisième plus grand affluent de l’Hérault.
Aumessas était le lieu choisi pour la construction de cette usine hydro-électrique pour le moins révolutionnaire dans cette période d’après-guerre. Les habitants gardois étaient des plus satisfaits à cette idée, ce qui n’était pas du goût de leurs voisins Aveyronnais.

Le dossier resta quelque temps sur la table du ministère des Travaux publics, jusqu’à ce qu’une pétition signée par les plus hauts représentants de l’Aveyron vint bouleverser ce projet. Voici un extrait du texte de la motion présentée au Conseil Général par MM. Lassalle, Balitrand et Amédée Vidal, contre le détournement de la Dourbie, et qui fut adoptée à l’unanimité : « Que les services hydrauliques compétents au moyen de tunnels, de barrages et autres œuvres d’art utilisent la pente de nos cours d’eau dans nos montagnes, en vue d’augmenter leur force motrice en les rendant à leur écoulement naturel, tout le monde souscrit à de pareils profits. Mais on ne saurait admettre qu’une rivière dans un intérêt même général, soit dérivée de son cours naturel, pour être déversée dans une autre tributaire surtout d’un autre bassin. La réalisation de ce projet prodigieux aurait pour conséquence, indépendamment des indemnités très coûteuses à allouer aux riverains agriculteurs ou industriels dépossédés, de priver toute une région sur un parcours de 50 kilomètres dans notre département, des avantages d’un cours d’eau. De plus la disparition de la Dourbie de notre département entraînerait en aval de Millau après son confluent avec le Tarn, une diminution sensible du volume de cette rivière, de nature à porter préjudice à toutes les industries ou entreprises utilisant ses eaux. Justement émus des conséquences désastreuses de ce projet, qui, s’il était réalisé, serait la ruine de Le dossier resta quelque temps sur la table du ministère des Travaux publics, jusqu’à ce qu’une pétition signée par les plus hauts représentants de l’Aveyron vint bouleverser ce projet. Voici un extrait du texte de la motion présentée au Conseil Général par MM. Lassalle, Balitrand et Amédée Vidal, contre le détournement de la Dourbie, et qui fut adoptée à l’unanimité : « Que les services hydrauliques compétents au moyen de tunnels, de barrages et autres œuvres d’art utilisent la pente de nos cours d’eau dans nos montagnes, en vue d’augmenter leur force motrice en les rendant à leur écoulement naturel, tout le monde souscrit à de pareils profits. Mais on ne saurait admettre qu’une rivière dans un intérêt même général, soit dérivée de son cours naturel, pour être déversée dans une autre tributaire surtout d’un autre bassin. La réalisation de ce projet prodigieux aurait pour conséquence, indépendamment des indemnités très coûteuses à allouer aux riverains agriculteurs ou industriels dépossédés, de priver toute une région sur un parcours de 50 kilomètres dans notre département, des avantages d’un cours d’eau. De plus la disparition de la Dourbie de notre département entraînerait en aval de Millau après son confluent avec le Tarn, une diminution sensible du volume de cette rivière, de nature à porter préjudice à toutes les industries ou entreprises utilisant ses eaux. Justement émus des conséquences désastreuses de ce projet, qui, s’il était réalisé, serait la ruine de 

Le Conseil Général fit barrage, si je puis dire, à cet invraisemblable projet, et la réponse émanant de la plume de M. le Troquer, ministre des Travaux publics vint clore ce débat vieux de deux ans au grand soulagement de tous : « Vous avez bien voulu appeler mon attention sur une protestation du Conseil Général de l’Aveyron contre le projet de détournement des eaux de la Dourbie pour l’électrification des lignes du réseau du Midi… Après examen par les services techniques de mon département, des dispositions projetées, il ne m’a pas paru possible de donner suite à la demande de la Compagnie des Chemins de fer du Midi, en raison des difficultés résultant du détournement envisagé des eaux de la Dourbie vers le bassin de l’Hérault, et du prix élevé du tel aménagement. C’est ce que j’ai fait connaître, dès le 4 janvier 1921, à la compagnie pétitionnaire, qui a dû renoncer à son projet. Les désidératas dont vous vous êtes fait l’interprète auprès de moi ont donc reçu par avance satisfaction. Je suis heureux de vous en informer. Agréez, etc.- Signé : le Trocquer. » (Journal de l’Aveyron, 6 novembre 1921).
Marc Parguel »

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