Pourquoi le deuxième barrage souterrain est-il illégal ?

Le deuxième barrage souterrain est illégal : voila ce qu’affirme, preuves à l’appui, l’association « Ranimons la cascade ! »

Peu de personnes ont pu voir et étudier les deux barrages souterrains situés sous la falaise de Salles-la-Source, en les comparant aux documents administratifs les concernant :

– puisque cet endroit est fermé à clef. Seuls des spéléologues peuvent s’y rendre par un gouffre situé à quelque distance mais ces derniers ne sont pas au fait du dossier déposé par l’exploitant, Jean-Gérard Guibert ;

– puisque l’Administration se refus, comme la loi le lui impose, à fournir à l’association « ranimons la cascade ! » le dossier de fin de concession, qui pourrait préciser utilement les plans détaillés d’une installation qui aurait dû faire retour à l’Etat depuis le 31 décembre 2005 ;

– puisque cette même  Administration a publié des informations contradictoires sur le sujet, selon les auteurs, les services et les époques.

Deux simples croquis peuvent faire comprendre ce qui se passe dans la falaise de Salles-la-Source :

1) Coupe simplifié du village, bâti en terrasses successives au pied de la falaise, avec les deux cascades dont l’eau est court-circuitée la plupart du temps par la conduite forcée:

sls-coupe-simplifiee

Le lac souterrain de « 4 à 60 000 m3 » situé en haut du village. Sa longueur est inconnue

2) Zoom sur les barrages souterrains :

les-deux-barrages-souterrains-2Le décret de concession de 1980 a légalisé un premier barrage de 3.50 m de haut. En fin de concession, l’Administration tente de faire croire que ce barrage fait désormais 4,55 m de haut. Cherchez l’erreur…

Pour comprendre ce croquis , il paraît important de rassembler quelques informations toutes validées par l’Administration, concernant la description du ou des barrages et de la retenue d’eau :

Description barrages

Altitude barrage (et déversoir)

Volume retenue d’eau

1978 : Rapport des ingénieurs des mines (L. Bonnet, J. Roumat, J. Rouvier)

« environ 3,50 m »

« Il ne retient que 50 à 60 000 m3 »

1980 : Décret de concession

(Ministère de l’Industrie / Raymond Barre)

« du type Poids, d’environ 3,50 m de haut, à crête déversante »

Niveau normal de retenue : cote 575,80 m NGF

« la prise d’eau est aménagée dans le corps du barrage »

Eau restituée à 442 m NGF

6000 m3

2010 : Enquête publique (Cabinet CINCLE – SCP Bonet-Burguière, validé par DDT : Renaud Rech)

Seuil à « 4,60 m environ »

Cote crête barrage : 480,36 m NGF

Eau restituée à 346,62 m NGF

4500 à 5000 m3 de « volume utile »

8 décembre 2010 : CODERST (Jean-François Moniotte / Renaud Rech)

Hauteur : 4,55 m environ

Longueur : 4,50 m

« la conduite y est enchâssée et devra être protégée par une crépine en acier »

Cote barrage : 575, 74 m NGF

Eau restituée : 442 m NGF

5000 m3 à la RN (Retenue normale)

2012 : Visite des ingénieurs de la DREAL (Gautier Guérin, Yvan Barthez)

Hauteur : 4,55 m environ

Longueur : 5 m

« Une conduite chemine dans l’eau jusqu’à un mur formant batardeau, légèrement plus bas, lui aussi noyé par la retenue formée par le premier barrage »

Cote Barrage RN : 578,50 m (page 1) et 414 m (page 4) (SIC)

4000 m3 à la RN (Retenue normale)

On s’étonne donc de ce que en 1980 est autorisé un barrage de 3.50 m tandis qu’en 2010, décrivant l’état de la structure en fin de concession le barrage à grandi de 1 mètre, tandis que le barrage de 3.50 m est devenu un « batardeau ».

On s’étonne aussi de ce que le volume estimé de la retenue d’eau en 1980 (6000 m3 pour ne pas parler des 60 000 m3 de 1978) ait été estimée en 2012 à 4000 m3, alors que le (second)  barrage a augmenté le niveau de la retenue d’eau de plus d’un mètre de hauteur.

On s’étonne enfin de la « fantaisie » avec laquelle les différents services de l’Administration situé l’altitude NGF du barrage. Dernier exemple en date : les ingénieurs Yvan Barthez et Gautier Guérin de la DREAL situent en 2013 les barrages à 578,50 m d’altitude (comme indiqué en page 1 du compte rendu d’inspection) et également à 414 m (comme indiqué en page 4). Pour comparaison avec la carte situé plus bas, si le barrage est situé à 578,50 m, il est en lévitation au dessus du causse. S’il est à 414 m, il se situe au niveau de la route départementale, en dessous le la cascade…

On comprend mieux ainsi :

– pourquoi la visite obligatoire de sécurité,  obligatoire au 31 décembre 2012 n’a pas eu lieu

– pourquoi l’Administration se refuse depuis si longtemps à fournir le Dossier de Fin de Concession.

Plan IGN (pour comparer les altitudes) :

ign-salles-la-source

Emplacement du lac souterrain :

lac-souterrain

Quelques photos complémentaires fournies par la SHVSS (Société Hydroélectrique de la Vallée de Salles-la-Source) – photo SHVSS / Jean-Gérard Guibert :

 1) Deuxième barrage vu de l’aval :

barrage-cndps

Les deux barrages vus de  l’amont (on distingue insérée dans le premier le départ de la prise d’eau) :

barrages-photo-enquete-publique-guibert

Départ de la conduite forcée dans la galerie souterraine et « vanne de tête » :
vanne-de-tete-et-conduite-forcee-enquete-publiquePièces à conviction :

1) Description du barrage en 1978 (rapport des ingénieurs des mines) : 

baarage-description-1978

2) Description du barrage en 1980 (Décret de concession) :

baarage-description-1980

3) Description du barrage en 2012 (visite des ingénieurs de la DREAL) :

baarage-description-2012

One Response to Pourquoi le deuxième barrage souterrain est-il illégal ?

  1. […]  Schéma explicatif des deux barrages, les chiffres des volumes d’eau de la retenue étant fournis par l’Administration (cherchez l’erreur…) (voir ! « Pourquoi le deuxième barrage est-il illégal ? ») […]

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