ANDRE VALADIER : « UN JOUR OU L’AUTRE, VOTRE COMBAT ABOUTIRA »

André Valadier était à Salles-la-Source, le 15 octobre dernier, invité de « Ranimons la cascade ! » Devant une soixantaine de personnes, il a donné à réfléchir en retraçant son combat pour l’Aubrac, à contre-courant de l’air du temps, pour sauver la race Aubrac, redonner vie au fromage de Laguiole, faire connaître et populariser l’aligot et obtenir l’AOC. « Nous avons découvert que, par delà la matière première,  les « valeurs immatérielles » étaient à considérer. Et l’on pourrait faire le parallèle avec l’évolution du vignoble de Marcillac. » Ainsi s’est revitalisé le territoire de l’Aubrac qui sera d’ailleurs bientôt labellisé Parc Naturel Régional.

Yves Garric, au côté d'André Valadier

Toute cette évolution ne s’est pas faite sans résistance ni combat : « nous dérangions un certain ordre établi ». Pour ce responsable de l’EDE (Service Elevage de la Chambre d’Agriculture), il a fallu reconnaître des erreurs. En abandonnant notre race traditionnelle pour produire du lait avec des vaches Holstein, « nous détruisions d’une main ce que nous construisions de l’autre ». Il a fallu partir en Suisse ramener des vaches rustiques de la race Simenthal, créer un cahier des charges qui interdit l’ensilage et mettre en place des pratiques agricoles adaptées à ce territoire difficile.

Puis est venu le temps du débat et des conséquences à en tirer pour Salles-la-Source. Ce débat a permis d’exprimer une multitude d’idées qui sont autant de graines à faire germer. Il a inspiré quelques réflexions à André Valadier : 

-« Plus je découvre ce combat, plus je vois des points communs avec le nôtre, l’importance que représente le patrimoine : celui de l’Aubrac, que l’on considérait comme sans avenir,  est devenu le principal moteur de son économie.

– Le site de Salles-la-Source est « frappant », pour qui le découvre à la sortie d’un virage, avec un élément d’esthétique visuelle hors du commun, auquel on ne peut être insensible.

– Il y a beaucoup de belles cascades en Aveyron, mais aucune n’est comme celle-ci située en plein coeur d’un village.

– Le patrimoine est une chance : si on n’a rien à partager, tout est menacé

– Je comprend votre tension entre « mettre en valeur  » et « mettre à l’abri » mais vous ne pouvez rester passif par rapport à un tel potentiel.

–  L’agriculture ne suffira pas à maintenir vivant le tissu rural. Sans tourisme (je préfère le mot « partage »…), on assistera à l’effondrement de nos territoires ruraux, mais grâce à notre agriculture (et notre patrimoine…), le touriste peut devenir un consommateur militant.

– Lors d’un colloque européen d’où je reviens, de nombreux responsables de stations touristiques de montagne ont fait le constat que le devenir et développement de ce  stations ne sera possible que si lien est fait entre ces stations et la mise à disposition du public reçu de tout un territoire. Le touriste souhaite découvrir le territoire, les hommes, le patrimoine et la culture locale.

– Je ne doute pas que puisse s’élaborer progressivement un projet de mise en valeur de votre site. Par la réflexion collective, on voit que des choses banales sont susceptibles de créer un cadre de vie. Mais il y faut du temps; il faut que quelques uns d’entre vous s’y engagent.

– Surtout ne vous découragez pas !  Il y aura sûrement des réactions.  Le nombre de ceux qui prennent conscience et adhèrent  augmentera. Comme je vous l’ai dit, les gens sont impressionnés quand tout à coup ils aperçoivent, à la verticale, un village et une cascade : les éléments concrets parlent d’eux-mêmes et un jour ou l’autre votre combat aboutira. »

 

One Response to ANDRE VALADIER : « UN JOUR OU L’AUTRE, VOTRE COMBAT ABOUTIRA »

  1. […] Conne nous l’a dit André Valadier, nommé récemment chevalier de la légion d’honneur , pour son travail de défense du patrimoine de l’Aubrac, « notre combat ne peut qu’aboutir ». […]

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